Les Atrides : Destins funestes
Scène

Les Atrides : Destins funestes

De la bataille d’Atrée et de Thyeste jusqu’au matricide d’Oreste, le cycle de la vengeance se déploie furieusement dans Les Atrides, une mise en scène de Louis-Karl Tremblay qui s’appuie sur une adaptation fluide des textes antiques de Sophocle, Euripide, Eschyle et Sénèque.

Tremblay a installé la tragédie dans la superbe église Saint-Jean-Baptiste, magnifiquement éclairée par Nancy Bussières. C’est sa première réussite. Il a transformé les rangées de sièges en tranchées où marchent d’un pas militaire les guerriers de Troie, puis en bateau amarré au rivage d’Argos avec ses cordages et ses voiles de papier. Ponctuée par l’omniprésente musique de Michel Smith (nul autre), la tragédie portée par 26 acteurs, d’une durée de près de quatre heures, oscille entre les atmosphères brumeuses et les envolées cinématographiques.

Habiles à tisser les fils du drame et à orchestrer une spatialisation signifiante, Louis-Karl Tremblay et Mathieu Leroux (avec qui il cosigne l’adaptation) n’offrent toutefois pas de lecture particulière de l’œuvre, se contentant de la délester de ses références mythologiques pour l’ancrer davantage dans l’action. C’est déjà un travail colossal, considérant la diversité des textes qu’ils ont assemblés. Misant sur la puissance narrative, ils ont aussi choisi une approche légèrement plus psychologique qu’à l’habitude en dépeignant, par exemple, le chœur des Erinyes comme une hallucination d’Oreste. Mais le spectacle manque généralement de perspective: on aurait souhaité une plus fertile relecture, peut-être un certain ancrage sociopolitique dans l’ici-maintenant.