Carrefour international de théâtre | Daniele Finzi Pasca / Icaro : L'apprentissage du vol
Scène

Carrefour international de théâtre | Daniele Finzi Pasca / Icaro : L’apprentissage du vol

C’était en 1996. Daniele Finzi Pasca présentait Icaro au Carrefour international de théâtre. Une rencontre s’était produite, qui risque fort de se produire à nouveau.

Un personnage gravement malade accueille, avec joie, un nouveau patient dans sa chambre: un spectateur inconnu choisi dans l’assistance. Chaque soir, Daniele Finzi Pasca se débusque un compagnon pour le suivre vers cette fin qui est celle que nous partageons tous, cherchant une issue dans l’imaginaire pour tromper la réalité. Comme une leçon de vol.

Son spectacle pour deux, écrit pendant un séjour en prison pour objection de conscience, il l’a joué plus de 700 fois, développant ce qu’il appelle le «théâtre de la caresse»: «Le fait de pouvoir raconter les histoires, d’être proche des spectateurs, ça peut permettre aussi de les prendre dans ses bras, de les toucher physiquement, chose que les autres artistes, sculpteurs, architectes ou musiciens, ne peuvent pas faire.»

Pour un homme qui accumule les mises en scène d’envergure — Cirque Éloize, Cirque du Soleil, cérémonie de clôture des Olympiques de Turin —, Icaro se présente comme un lieu de rencontre directe et réelle, un contact qu’il ne cesse de chercher depuis maintenant presque 20 ans qu’il trimballe son spectacle, et ce dans 17 pays et en pas moins de 6 langues.

Parmi ses beaux moments, il se rappelle d’ailleurs Québec, sa première représentation en Amérique du Nord: «Ce qui s’est passé au Carrefour en 1996, ç’a été étrange et magnifique. Il y a eu toute une série d’ovations qui a été le début d’une longue histoire de collaborations et d’amitié très profonde.»

On le taxerait de flagorneur, si sa voix n’était pas si franche et réconfortante, malgré la ligne qui griche entre Québec et l’Uruguay, où il voyage avec La Solitude est une mauvaise canaille; et si son discours ne nous semblait pas si senti: «Je viens d’un pays de montagnes, où on a l’habitude de grimper de temps en temps, de refaire certains passages. Alors, on se rend compte que la montagne est toujours la même, mais que, enfant, on attaquait certains chemins de façon différente.»

Le temps qui passe, le Suisse s’échine à le dire par-delà les mots qui savent si bien construire de l’ordinaire, et on s’imagine qu’il faudrait être insensible pour ne pas goûter un tel spectacle, bâti au départ pour des humains malades dans les hôpitaux.

Oui, voilà: Icaro a tous les airs d’une leçon de vol. Une tentative de nous rappeler qu’il faut, malgré tout, imaginer Sisyphe heureux.