Enfantillages : L’insoutenable légèreté d’être parent
Les hommes se transforment-ils en monstres lorsqu’ils deviennent parents? François Archambault tente de révéler les névroses de parents excédés ou utopistes dans Enfantillages, une pièce légère et inégale, dont le propos est amoindri par des scènes de nostalgie rose bonbon.
Conçu pour le théâtre d’été, à la manière intelligente et caustique qui a fait la marque du Petit Théâtre du Nord, Enfantillages atterrira dans la salle communautaire de Blainville après les représentations de La Licorne. Or, entre la comédie grinçante et le spectacle conçu pour attendrir un public estival peu exigeant, la pièce cherche son ton. Et rate des occasions de fouiller plus profondément les noires pulsions de parents au bout du rouleau ou obsédés par l’héritage qu’ils essaient de transmettre à leur progéniture.
Dans cette comédie à sketches introduite et conclue par un chœur grec parodié (et effectivement drôle), on rencontre de futurs parents bernés par les contes de princesses, des parents fatigués qui larguent leurs enfants chez un couple d’amis, des parents divisés par une conception différente de l’héritage linguistique à transmettre à leurs enfants et des parents utopistes cherchant à camoufler la violence et la pornographie à leurs sages rejetons. D’autres variations s’ensuivent, dans une mise en scène simple et rythmée de Frédéric Blanchette.
Quand François Archambault imagine des parents se heurtant aux valeurs d’autres parents, il se fait plus incisif que dans les plus traditionnelles scènes de ménage. Ces furtifs moments de confrontation dans la cour d’école finissent par dévoiler chez ces personnages une facette sombre et inattendue, comme une sorte de surgissement de l’irrationnel et du refoulé. Si le texte creusait un peu plus et se permettait davantage de libertés dans cette exploration du pulsionnel, on serait presque chez Yasmina Reza. Et ce pourrait être aussi jouissif que pertinent. Mais il y a hélas! trop de retenue dans ces dialogues pourtant bien ficelés.
Surtout, on se désole que les saynètes soient entrecoupées de monologues intimistes dans lesquels les acteurs racontent, sur un ton mielleux, un souvenir d’enfance. Trop de bons sentiments diminuent la potentielle charge du spectacle et affaiblissent le propos. On a néanmoins affaire à un divertissement sympathique et pas trop con, qui devrait combler les estivants.
À La Licorne jusqu’au 25 mai. Au 1000 chemin du Plan Bouchard, Blainville, du 21 juin au 24 août.