OFFTA: Philippe Boutin / Détruire, nous allons : Salement romantique
Scène

OFFTA: Philippe Boutin / Détruire, nous allons : Salement romantique

Avec son brassage d’idées, de formes et de scènes, l’OFFTA marche sur les talons de la jeune génération de créateurs au moment précis de leur éclosion. À commencer par Philippe Boutin, jeune auteur de Détruire, nous allons, une pièce pour 35 acteurs et 110 verges, chorégraphiée par Dave St-Pierre.

En guise d’ouverture, un dépaysement momentané en transport collectif. Un autobus scolaire conduit les festivaliers à 29,7 km de la ville pour un moment de théâtre et danse dans un Colisée contemporain: un terrain de football qui brille dans la nuit. «Avec cette création, il m’importait de sortir des boîtes noires élitistes où l’on convie les abonnés. On se plaint souvent que les théâtres sont vides. Plus j’y vais et plus je trouve ça plate, trop intellectuel, pas assez physique», affirme Philippe Boutin, jeune finissant à la langue bien pendue de l’Option-Théâtre de Lionel-Groulx.

Amant de sport et de poésie, Boutin exerce son art sans harnais ou casque de sécurité. «J’aime que le théâtre soit sportif. Le terrain de football permet qu’un personnage arrive sur 100 verges. Il y a aussi le ciel qui peut s’acharner sur nous. On ne sécurise pas l’art qu’on fait, on se met les pieds dans la merde.»

Première production de la compagnie Couronne Nord, Détruire, nous allons revisite des scènes d’amour épiques (Richard III, Cyrano de Bergerac, Caligula) pour raconter l’histoire de deux âmes sœurs qui ne se rencontrent jamais. «Je prends beaucoup de plaisir à remixer des scènes existantes dans mes propres mots. Je ne me considère pas comme un dramaturge, mais un poète. Ça m’aide d’avoir une structure», explique Boutin qui a reçu le soutien dramaturgique d’Étienne Lepage, membre du comité de l’OFFTA.

Et dès le départ, Boutin s’est adjoint Dave St-Pierre – qui l’avait dirigé dans Foudres – aux chorégraphies et mentorat. Trente-quatre hommes (Emmanuel Schwartz, Christophe Payeur, Jean-François Casabonne) et une femme joueront dans l’arène. «J’ai trouvé ma Félicité en la personne de Marie-France Marcotte. Cette femme est la beauté incarnée. Dans ses yeux, je vois toutes les femmes. Le chœur d’hommes se fait parfois armée, gang de boys, team… Ma méthode de travail s’apparente à l’équipe sportive, elle impose la fraternité et la compétition vivante», observe Boutin. 

De la testostérone au cube dans cette première création destructrice, mais non provocatrice: «Je suis un romantique, pas un fauteur de troubles», conclut-il.

Le 24 mai à 19h (en première partie: Bonbon/Candy des Fermières obsédées) et le 25 mai à 20h

Départ du Théâtre d’Aujourd’hui

OFFTA remix

Présenter les spectacles achevés de créateurs émergents et présenter les premières étapes de projets d’artistes plus aboutis. À force d’affinage au gré des éditions, voilà le mandat en deux pôles de l’OFFTA, tel qu’établi par la directrice artistique Jasmine Catudal. «Des artistes en qui l’on croit et qui ont des démarches profondes, singulières et personnelles», affirme-t-elle. Comme celle de Philippe Boutin, en ouverture: «Ce jeune homme sort à peine de l’école et il a une drive pas possible. Ses partis pris sont tellement précis et forts qu’on a juste envie de le suivre!» Au nombre de ses coups de cœur, la directrice nomme ensuite Koalas de Félix-Antoine BoutinQuelqu’un va venir de Jon Fosse par Nini BélangerNe meurs pas tout de suite, on nous regarde de Manuel Roque, puis l’opérette trash What Bloody Man Is That?, une adaptation de Macbeth par Angela Konrad. Au nombre des activités périphériques, Jasmine Catudal cite le confessionnal: des philosophes reçoivent les festivaliers dans l’isoloir afin de répondre à leurs questions existentielles. Du 24 mai au 2 juin. offta.com