FTA / Boris Charmatz : Canon et fondus enchaînés
Scène

FTA / Boris Charmatz : Canon et fondus enchaînés

Acteur majeur de la scène française qu’on n’a pas vu à Montréal depuis 2001, Boris Charmatz prend l’affiche du FTA avec 24 danseurs pour présenter une sculpture chorégraphique intitulée Levée des conflits. Intrigant.

Depuis ses débuts dans les années 1990, Boris Charmatz cherche à faire de la danse autrement. Considéré comme l’un des chefs de file du mouvement de la non-danse, il bouscule les codes et les habitudes de toutes sortes de façons, jouant sur la disposition du public, les collaborations interdisciplinaires et le travail du corps pour multiplier les regards sur la danse. Directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne depuis janvier 2009, il est même allé jusqu’à le transformer en Musée de la danse.

«Ce n’est pas un musée permanent; les projets sont très variés et se déplacent dans d’autres villes, explique ce créateur de 40 ans. C’est un endroit où l’on peut travailler avec des plasticiens, des architectes, des philosophes, des critiques, faire des expositions, des publications, donner des cours de danse… Le véhicule qu’on essaye d’inventer nous permet d’élargir notre vision de la danse, mais aussi de confronter différentes visions et c’est ce qui me plaît.»

Dans la lignée des multiples questionnements générés par ce projet, Charmatz a créé en 2009 une chorégraphie à partir de photos de spectacles de Merce Cunningham et l’a déclinée pour différents types de danseurs, s’appropriant ainsi une partie du patrimoine chorégraphique mondial. Pour Levée des conflits, présentée l’année suivante, l’idée de base était de créer une sculpture vivante autour de laquelle le public aurait pu circuler six heures durant. Pour incarner ce concept, le chorégraphe a imaginé un solo de 25 mouvements dansés en canon par 24 interprètes.

«J’avais envie d’une sculpture vibratoire, mais la forme globale ne vibrait jamais autant que quand on dansait à l’unisson. On s’est vite rendu compte aussi qu’on ne tiendrait pas plus d’une heure et demie, car la chorégraphie est très physique. Donc, finalement, c’est comme si cette pièce était à la recherche d’une idée: un canon chorégraphique, une sculpture en mouvement dont toutes les parties seraient visibles en même temps. On a choisi d’entrer sur scène un par un parce que c’était plus simple pour nous et que ça permet au spectateur de rentrer dans notre machine chorégraphique.»

La chorégraphie est composée de mouvements plutôt simples empruntés à divers chorégraphes et danseurs, qui se transmettent d’un interprète à l’autre dans un processus d’oscillation qui rend les transitions invisibles. Ainsi, tour à tour, chaque danseur polit l’une des 25 pierres de cet édifice chorégraphique, puis passe à la suivante, puis la suivante et ainsi de suite.

«La pièce est simple, mais on en a vraiment peaufiné la mécanique parce que c’est une sorte d’écosystème avec une grosse masse de gens, où chaque danseur fait les mouvements à sa manière, à son rythme et avec sa culture. On peut suivre des gens différents et les voir se heurter à la même machine. Ce n’est pas un objet mental extrêmement compliqué, mais une pièce extrêmement physique qui s’apparente à une transe.»

Les 30 et 31 mai

Au Théâtre Jean-Duceppe

Dans le cadre du Festival TransAmériques