On s’y croirait presque. Londres, 1483, ensevelie sous le poudroiement d’une tempête. Tout comme ces six reines shakespeariennes réunies dans une temporalité improbable sous la plume du dramaturge Normand Chaurette, on se sent, nous aussi, confinés à l’intérieur du palais royal. Est-ce la tour Martello qui produit cet effet? Est-ce le son des cloches qui tintent, le vent qui siffle dans les interstices du château qui nous enveloppe de mystère? Ou encore la course effrénée de ces femmes perturbées dans l’escalier de pierre? Témoins des tourments qui les assaillent, des tirades emplies de froideur et de hargne, on se délecterait davantage de silences et de non-dits, mais puisque les mots sont si savoureux, on oublie… Et on applaudit la mise en scène épurée mais efficace de Frédéric Dubois, de même que les comédiennes qui incarnent de façon grandiose ces souveraines avides de pouvoir, usant de toutes les manigances possibles pour se voir coiffer de la couronne d’Angleterre.

Jusqu’au 2 juin, à la tour Martello 4, à l’occasion du Carrefour international de théâtre. Info: carrefourtheatre.qc.ca.