FTA / Ginette Laurin / Khaos : Maelström humain
Ginette Laurin s’est inspirée du Printemps arabe et du mouvement d’indignation mondial pour créer Khaos, une pièce sur la place de l’individu dans la grande agitation collective.
Créée à Madrid à l’automne 2012, puis présentée en France, la nouvelle œuvre de la compagnie O Vertigo s’inscrit dans la foulée des mobilisations de l’an dernier, ce monde en ébullition qui a fait naître de nouvelles associations, grâce aux réseaux sociaux, notamment. «Beaucoup de gens qui restaient silencieux s’indignent et portent leur voix publiquement, raconte Ginette Laurin. C’est le paradoxe de l’individu qui cherche à dénoncer et à garder son intégrité individuelle, tout en accordant sa voix avec le groupe, qui m’a intéressée. Comment naissent de nouveaux accords et désaccords.»
Œuvre de groupe pour neuf danseurs, Khaos joue sur la cohabitation des différences et la difficile conciliation entre l’individualité et la collectivité. La scénographie signée Marilène Bastien, avec ses tiges plantées au sol et ses capteurs sensoriels, crée un espace balisé de frontières, à l’image de notre planète, et renvoie aux contradictions de la communication virtuelle.
«L’espace créé permet de s’isoler parfois et divise le groupe. Des capteurs au sol prennent le son des pas des danseurs, qui sont décuplés par l’amplification sonore. En même temps qu’ils vont se cacher, ils sont mis à nu face au public. J’ai travaillé avec chaque danseur pour développer son identité propre dans le mouvement et on a joué avec ça pour créer des microsociétés avec ce qu’elles comportent de différences, d’excès, de heurts, d’incompatibilités et d’interférences.»
Réputée pour sa gestuelle très physique et agitée, Ginette Laurin poursuit dans cette veine en traitant de notre hyperactivité et de nos rapports souvent court-circuités par d’innombrables stimuli. «Il y a beaucoup d’informations et de sons dans la pièce, parce que c’est ce que je reçois de notre monde. Je fais travailler le spectateur, qui doit choisir face à des superpositions d’actions.»
Au milieu de ce désordre qui exige une rigueur dans la composition et l’exécution, Khaos propose aussi ses notes d’espoir, des îlots de communion, le tout enveloppé par la musique électroacoustique de Martin Messier avec qui Laurin a développé l’idée du corps sonore dans sa précédente pièce, Onde de choc. «La lumière et le son sont deux autres danseurs dans la pièce», ajoute Laurin, très excitée de dévoiler l’œuvre au public québécois.
Les 4 et 5 juinÀ l’Usine C, dans le cadre du Festival TransAmériques