Été culturel 2013 : Sortir du cadre
Spécial été culturel

Été culturel 2013 : Sortir du cadre

Dans toutes les régions du Québec, le théâtre d’été se métamorphose. Signe d’essoufflement ou volonté de changement, certains cessent leurs activités ou abandonnent carrément le théâtre au profit du stand-up comic. Ceux qui restent doivent se démarquer: regard sur les propositions les moins conformistes.

Les comédies intelligentes de François Archambault

Année après année, le Petit Théâtre du Nord garde son titre de champion de la réinvention du théâtre d’été. Les comédiens fondateurs Luc Bourgeois, Sébastien Gauthier, Mélanie St-Laurent et Louise Cardinal ne sont désormais plus seuls à chercher de nouvelles formules estivales, mais, tout en continuant à viser un public peu initié au théâtre, ils réussissent particulièrement bien à sortir du cadre en favorisant des textes québécois et de l’humour intelligent. Ils ont sollicité cette année la plume de François Archambault, observateur fin des travers de notre société, qui a imaginé Enfantillages, une pièce à sketchs sur la parentalité qui a été présentée avec un certain succès à La Licorne en mai et qui prendra l’affiche à leur petit théâtre de Blainville dès le 20 juin (petittheatredunord.com). Archambault, en grande demande, a aussi écrit Cambriolages en collaboration avec Marie-Hélène Thibault, à l’affiche du Théâtre des Cascades tout l’été. Sous des dehors légers, la pièce aborde un sujet brûlant d’actualité: l’obsession de la sécurité de l’Occidental moyen, dans un monde qui carbure à la peur (theatredescascades.com).

Le filon français

Les comédies américaines adaptées à la sauce québécoise ont toujours dominé la scène estivale. Ceux qui en ont soupé des comédies de situation et des comédies romantiques de Neil Simon se tourneront naturellement vers la répartie et les dialogues corrosifs des comédies françaises. À Bromont, Juste pour rire présente Le prénom, comédie à succès de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière dans une mise en scène de Serge Denoncourt: les représentations montréalaises de l’été dernier furent couronnées d’un succès public et critique unanime (theatrebromont.com). À Québec, le Théâtre Petit Champlain accueille, comme il le fait chaque été, le Théâtre Voix d’accès, qui s’est spécialisé dans le genre. La troupe propose cette année encore un classique, L’emmerdeur de Francis Veber, avant de déménager ses pénates à Alma, au Complexe touristique Dam-en-Terre, où sera repris Le dîner de cons, dans la mise en scène de Renaud Paradis qui a beaucoup tourné au Québec ces dernières années (theatrepetitchamplain.com et damenterre.qc.ca). Au Théâtre du Vieux-Terrebonne, Alain Zouvi monte un bon vieux Feydeau, La puce à l’oreille, avec Benoît Brière, Martin Drainville et Luc Guérin dans les rôles principaux (theatreduvieuxterrebonne.com).

Vent de jeunesse

On peut s’imaginer que le public du théâtre d’été est conservateur et choisir de lui offrir un théâtre hautement commercial. On peut aussi, comme le font de nombreux jeunes comédiens, profiter de la disposition d’esprit de ces spectateurs qui ont le cœur léger et peu de présupposés sur le théâtre pour leur offrir de sympathiques audaces ou un humour plus irrévérencieux que les jeux de porte habituels. À Lavaltrie, au café culturel de la Chasse-Galerie, la troupe L’Œil ouvert reprend Couples: l’expérience, spectacle fragmenté sur les écueils de l’amour qui a eu un certain retentissement au Zoofest l’été dernier en raison de ses textes lucides et ses qualités formelles (chasse-galerie.ca). Pour un humour caustique, on se déplace à Longueuil, où la jeune troupe du 450 présente deux pièces cet été: Temps de rêve et Tout-inclus. De facture modeste, sans prétention, les pièces de Vincent Pascal, Vincent Boucher et Jean-Belzil Gascon cherchent à provoquer un rire franc mais intelligent (theatredu450.ca).

Le pouvoir de la musique

Le Quai des arts de Carleton fait aussi partie de la courte liste de ceux qui cherchent à réinventer le théâtre d’été. Après Bienveillance, une comédie existentielle de Fanny Britt présentée l’an dernier, la scène s’ouvre à l’écriture du comédien Stéphan Allard avec la comédie Genesis 74. Dans une délicieuse esthétique vintage, les succès du groupe culte retentiront pour accompagner une histoire d’amitié profonde et déchirante entre Carl et Steeve, de vieux copains en proie à une crise de confiance dans leur road trip vers Montréal au printemps 1974 (productionsatourderole.com).