Corps célestes : Corps en orbite
Scène

Corps célestes : Corps en orbite

La chorégraphe Marie Chouinard s’est associée avec le pionnier des arts numériques Luc Courchesne pour investir la Satosphère avec la performance virtuelle immersive Corps célestes. Le résultat est peu probant.

Des dômes comme celui de la Société des arts technologiques, il n’en existe que quatre dans le monde. Les artistes qui se risquent à créer pour cette surface courbe couvrant 360˚ sont donc rares et les paramètres technologiques et artistiques à mettre en œuvre dans cet espace plein de promesses et de défis restent à découvrir. Quinzième œuvre produite par la Satosphère, Corps célestes se risque à l’expérimentation chorégraphique.

Allongé sur de gros boudins de tissu, le spectateur est plongé dans un environnement monochrome bleu outremer. Du sol de chaque côté du dôme, en face à face, surgissent deux têtes en gros plan. Lentement, l’image remonte le long de l’écran incurvé pour laisser apparaître la globalité des corps légèrement vêtus de Lucie M. May et Emmanuel Roque, préalablement filmés dans un espace de deux pieds carrés. Ils font de petits mouvements caractéristiques de la signature de Marie Chouinard (ondulations et extensions de la colonne, jeux de mains et de bassin, petits battements rapides…), accompagnés d’un travail du souffle et de la voix. Usant des possibilités du virtuel, les créateurs jouent sur la forme et la dimension des interprètes qu’ils déplacent à volonté dans le dôme, croisent jusqu’à l’interpénétration des corps, placent à l’horizontale ou démultiplient pour des séquences évoquant tantôt les géométries chorégraphiques de Busby Berkeley, tantôt des mandalas humains. Spatialisée par 157 haut-parleurs, la musique de Louis Dufort soutient l’œuvre, rythmant avantageusement l’expérience du public.

Passé la première curiosité de la découverte, on s’attache aux défauts trop visibles de l’œuvre, à la répétitivité de ses motifs et à la magie qui n’opère pas. Le procédé d’incrustation découpe mal les silhouettes, laisse voir les repères au sol des danseurs et semble être à l’origine de leur disgracieuse teinte verdâtre. Les déplacements sur l’écran de corps statiques donnent une chorégraphie mécanique qui ne parvient pas à véritablement mettre en scène un duo. Et l’on comprend pourquoi les danseurs jusqu’alors invités dans la Satosphère étaient de chair et d’os et que ceux qui se sont étalés sur son écran étaient intégrés dans un environnement graphique riche permettant de jouer efficacement sur les sens et les perceptions du public. Dommage.

Jusqu’au 20 juin

À la SAT