De la danse au Fringe : Corne d'abondance
Scène

De la danse au Fringe : Corne d’abondance

Notre journaliste a épluché pour vous le programme danse de cette 23e édition du Fringe pour vous aider à faire vos choix.

Avec 14 spectacles et cinq événements où le public aura lui-même l’occasion de se déhancher et de suer, la danse affiche une diversité de propositions parmi lesquelles un certain nombre sont soutenues par des intentions et une démarche artistique sérieuses, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce festival aussi ouvert que débridé. Le sujet de la femme aux prises avec les diktats des standards de beauté et de la marchandisation du corps revient dans trois créations.

Dans Corps accords, la Française originaire de République centrafricaine Julienne Doko fait du corps un outil d’investigation et d’expression de l’identité profonde pour briser les carcans culturels qui aliènent la femme. Inspirée par le choc provoqué par le célèbre film Vénus noire, cette artiste qui a déjà bien roulé sa bosse nous offre un duo où elle métisse harmonieusement danses traditionnelle africaine, contemporaine et urbaine, conviant aussi sur scène la musicienne montréalaise Jackie Gallant.

Faisant le parallèle entre la recherche de la perfection esthétique en danse et l’idéalisation du corps dans la publicité, l’étudiante de l’UQAM Josiane Fortin explore quant à elle, encore en duo, les zones grises entre le spectaculaire et l’intime, jouant sur les contrastes entre une gestuelle virtuose proche de l’acrobatie et un travail plus sensible et minimaliste. Enfin, c’est à l’idéalisation induite par les danses latines et aux effets pervers du jeu de la séduction que s’attaque Elizabeth Suich, une finissante de l’UQAM ayant déjà reçu plusieurs marques de reconnaissance. En collaboration avec Simon Gélinas Beauregard, jeune diplômé de l’École de danse contemporaine de Montréal, elle met en scène un trio de danseuses entre délicatesse et brutalité.

Le métissage est plus complexe dans The Knocking Within, créé et interprété par la danseuse états-unienne Wendy Jehlen et l’acteur indien Pradhuman Nayak. Pour incarner l’archétype du couple amoureux et les cauchemars qui l’assaillent, ils ponctionnent la substantifique moelle de plusieurs œuvres de Shakespeare dont ils traduisent des mots épars en anglais, en hindi et en langue des signes qui inspire une gestuelle également imprégnée de capoeira, de danses indiennes, africaines et contemporaine. Ils ont apparemment déjà obtenu un certain succès avec cette œuvre en Inde et aux États-Unis.

Hissant l’improvisation au rang d’art à part entière, Rien de prévu! s’annonce aussi comme une série de performances de qualité de par les quatre à huit danseurs qui occuperont le plateau à tour de rôle. En plus des nombreux membres des Imprudanses, ligue d’impro dont elle fait partie, Stéphanie Bernard a réuni des danseurs de talent tels que Mathieu Campeau et Nicoletta Dolce, une férue de contact-improvisation qui s’ajoutera au théâtre physique, aux styles urbain et contemporain et aux acrobaties avec musique live. À noter aussi, de l’impro en solo dans The Elephant in the Room.

Enfin, on surveillera le retour de la performeuse Leslie Baker avec une version améliorée de Fuck You! You Fucking Perv! qui traite de la prédation sexuelle et des ravages qui en découlent.

Le festival Fringe se poursuit jusqu’au 23 juin.montrealfringe.ca