Martin Perizzolo / Zoofest : De la tête au cul
En résidence pendant 18 soirs au Zoofest, Martin Perizzolo parle pour la première fois sur scène de sexe, vaste programme qui tient tout entier dans une seule lettre: Q.
Parce que la gentille relationniste de presse avait insisté pour que l’entrevue se déroule dans une des salles où Zoofest présentera des spectacles tout au long du mois de juillet, nous avions donné rendez-vous à Martin Perizzolo en milieu d’après-midi au Café Cléopâtre, sans nous douter que son deuxième étage, celui où fourmillent les avenantes drag-queens, serait fermé. Il fallut donc nous rabattre sur le rez-de-chaussée du mythique établissement, chef-lieu des stripteaseuses en fin de carrière. Le gars des vues l’aurait voulu qu’il n’aurait pu mieux arranger les choses: c’est d’un one man show intitulé Q que venait nous jaser l’humoriste. «J’ai déjà fréquenté une fille qui dansait, confesse-t-il après avoir choisi dans la pénombre un siège loin de la scène. Mais je ne l’avais pas rencontrée dans un bar de danseuses, c’était ma voisine. Je pensais qu’elle était hôtesse de l’air, parce que je la voyais toujours partir avec sa valise. Je raconte dans le show que j’ai été élevé par une mère féministe et que je ne fréquente pas vraiment les bars de danseuses parce que ça revient cher pour regarder une fille dans les yeux.»
Bien qu’il s’agisse du pain quotidien de bon nombre d’humoristes, Perizzolo aura soigneusement évité, depuis son entrée il y a près de deux décennies à l’École nationale de l’humour (il avait 18 ans!), de pétrir sur scène le thème du sexe et des relations de couple, jusqu’à ce qu’il frappe le proverbial fond du baril – professionnel et personnel, insiste-t-il –, en janvier 2012. «Je ne filais pas super bien et j’ai décidé de faire un gros fuck you: "Fuck you, je parle de cul! Si le cul, ça vend, ben je vais vous en donner."»
Outre l’émission-culte L’gros show pour laquelle il a enfilé la chemise de ninjas de Poudy (un personnage qui occupera toujours une place au chaud dans le cœur de rockeur des fans de hair métal), le trentenaire aura beaucoup galéré dans les marges du milieu de l’humour, écumé les scènes de bars et écrit pour les autres, avant de présenter au Zoofest en 2011 un premier solo, Sauver les apparences. «Je n’ai jamais parlé de sexe parce qu’à certaines périodes de ma vie, j’ai pensé que c’était facile. On m’a déjà dit: "Toi, tu fais de l’humour intelligent", ce qui a eu pour conséquence que j’ai essayé de faire de l’humour intelligent, mais c’est ridicule. Ce n’est pas une démarche artistique, vouloir être intelligent. Q, c’est aussi un fuck you à ça. Même si tout le monde en parle, j’ai fini par constater que c’est un thème hyper riche, le sexe, et ça a donné mon texte le plus personnel à ce jour», assure-t-il alors qu’une demoiselle tournoie langoureusement autour d’un poteau au son d’une ballade d’Adele.
Alors, dis-nous Perizz, qu’as-tu fait de plus fou sous les couvertures?
«Je n’entrerai pas dans les détails, mais j’ai déjà essayé des affaires weird.»
C’était enrichissant, au moins? «Oui. Moi, j’aime le sexe comme j’aime boire du vin ou manger. Baiser, c’est le fun! Je pensais que j’avais une tolérance très élevée pour les affaires weird, mais je me suis rendu compte que j’avais des limites», confie-t-il avant d’être interrompu par une certaine Foxy (son nom d’artiste, tient-elle à préciser) au regard vitreux qui lui lance une blague confuse au sujet des populaires (et amusantes) pubs des Fromages du Québec dont il est la vedette. C’était notre signal de départ.