Au Théâtre de Ste-Adèle : Femme cherche homme désespérément: la comédie typique
Scène

Au Théâtre de Ste-Adèle : Femme cherche homme désespérément: la comédie typique

Typique comédie de situations, Femme cherche homme désespérément s’appuie sur un humour parodique qui se moque des archétypes masculins sans trop grossir le trait. Une pièce dont le succès ne se dément pas sur les scènes estivales depuis 1998 et dont la version actuelle au Théâtre Sainte-Adèle est solidement interprétée.

En 1997, quand Carole Tremblay a écrit cette pièce racontant une série de blind dates catastrophiques, les agences de rencontre sur Internet n’obtenaient pas encore le succès qu’ils connaissent aujourd’hui auprès des célibataires esseulés, victimes de la pression sociale de leur entourage pour se mettre en couple. Au mieux, on observait le phénomène d’un regard moqueur. La plupart du temps, on regardait de haut les pauvres désespérés pendus à leur clavier, se drapant d’arrogance devant ceux qui ne savaient pas flirter dans les bars ou qui avaient déjà épuisé les possibilités de leurs cercles de connaissances.

Les temps ont bien changé, et les directeurs artistiques du Théâtre Sainte-Adèle ne se font pas prier pour affirmer que la pièce de Carole Tremblay est, à sa manière, «avant-gardiste». Elle a pu l’être dans les années 1990, par son propos, mais elle ne l’a jamais été dans la forme: une comédie à l’américaine très typique, dans laquelle se succèdent sur scène des personnages loufoques et risibles. À travers cette galerie de personnalités caricaturales se déploie progressivement un portrait de la bêtise humaine et des failles de la masculinité contemporaine. 

Machistes, illuminés ou hyper-timides, les hommes font piètre figure dans cette pièce enlevante qui emprunte aussi, par ses jeux de portes, au traditionnel théâtre de boulevard. Beaulieu se moque allègrement des hommes, en empruntant à tous les clichés, mais avec une certaine finesse. Chaque personnage, bien que caricatural, est doté d’assez de profondeur pour susciter une certaine empathie. Les femmes ne sont pas en reste, d’ailleurs, et se heurteront peu à peu à leurs propres travers.

En phase avec l’époque, la célibataire interprétée un peu mollement par Mireille Deyglun n’assume pas son désir de rencontrer un homme et se laisse entraîner, prétendument contre son gré, dans les plans foireux de rancarts que lui organisent sa meilleure amie, laquelle va même jusqu’à proposer de rencontrer les hommes à sa place pour «tester la marchandise». Et ainsi commence l’étrange ballet des rencontres furtives et étonnantes sur le canapé du salon de la célibataire, qui écoute d’une oreille discrète derrière une porte et prend plaisir à voir son amie s’empêtrer, quitte à la mettre encore plus dans le pétrin à quelques occasions (une douce vengeance pour la punir de l’avoir entraînée dans une démarche qu’elle ne désirait pas entreprendre). Le procédé, vous l’aurez compris, ajoute au comique, mais donne aussi une épaisseur dramatique supplémentaire à la pièce en y greffant des tensions et la perspective de conflits potentiellements explosifs entre les deux vieilles amies. À cela s’ajoute l’arrivée inattendue du mari de l’amie dévouée, qui la surprendra avec un revirement inattendu. Et tout est en place pour une comédie aux quiproquos parfaitement imbriqués.

Si la trame dramatique n’a rien d’étonnant et si les caricatures du mâle errant ne renouvèlent pas le genre, la comédie s’avère sympathique, pleine d’esprit, et faite sur mesure pour Chantal Baril: un monstre de comédie. À ses côtés, les comédiens Roger Larue et Daniel Thomas excellent dans des compositions très diverses, dans une mise en scène à l’avenant mais convenue de Michel Poirier, qui a également monté cette pièce l’an dernier avec les comédiennes Danielle Proulx et Linda Sorgini au Théâtre Beaumont-St-Michel.

Jusqu’au 31 août au Théâtre Sainte-Adèle