Zoofest / Yannick De Martino : Capitaine Nonchalant
Scène

Zoofest / Yannick De Martino : Capitaine Nonchalant

Dans Moralement gris, Yannick De Martino s’autoproclame Capitaine Nonchalant. Difficile de le décrire avec plus de justesse. 

Il se traîne les pieds sur la minuscule scène des Katacombes avec l’enthousiasme débordant du gars que l’on aurait arraché de force à son lit. Non, Yannick De Martino n’a pas changé d’un iota et incarne toujours dans toute sa splendide indolence ce personnage d’«itinérant autiste avec une moppe sur la tête» (sa propre description) qui avait déstabilisé et charmé les téléphages lors de l’édition 2011 d’En route vers mon premier gala Juste pour rire (concours qu’il avait remporté).

Au cours de ce nouveau solo d’une heure intitulé Moralement gris, l’hirsute énergumène s’indigne du nom que portent en anglais les fruits (une de ses nombreuses colères surréalistes) et confie qu’il serait plus sensible aux enjeux environnementaux s’il avait la chance de partager un repas avec un poisson parlant. Il ne s’agit que de deux exemples du genre de regards obliques que pose De Martino sur des sujets en apparence rabâchés, avec l’imagination galopante d’un ado qui aurait fumé une phénoménale quantité de joints (je l’entends comme un compliment). Dommage cependant que l’humoriste ait trop souvent recours à une vulgarité qui ne choque pas plus qu’elle ne sert son propos autrement très ludique.

Au-delà de cet imaginaire très fécond, la manière De Martino tient aussi beaucoup à la façon ultra-nonchalante qu’il a d’habiter la scène (il affirme que s’il avait à devenir un super-héros, il serait Capitaine Nonchalant) ainsi qu’à son élocution molle grâce à laquelle n’importe quel mot porte le potentiel d’un rire (je paierais 20$ pour entendre le gars répéter pendant une heure le mot «apocalypse»). Morale de l’histoire: Moralement gris, ce n’est pas gris pantoute.

Moralement gris est présenté les 19, 20 et 21 juillet à 20h30 aux Katacombes.