Couples l'expérience à Lavaltrie : Éradiquer l'amour
Scène

Couples l’expérience à Lavaltrie : Éradiquer l’amour

Il faut éradiquer l’amour. C’est la mission qu’un couple de psychologues se voit confier par un Dieu tout-puissant dans Couples l’expérience, exploration sympathique, rythmée et intelligente de l’amour qui va à vau-l’eau.

C’est une pièce sans prétention, réalisée avec des bouts de ficelle, mais elle a le mérite de proposer à l’extérieur de la ville un divertissement intelligent, qui s’amuse avec les clichés sans toutefois les reconduire ou sans s’y vautrer. Prenant leur mission au sérieux, les psychologues interprétés par Louis-Charles Sylvestre (également metteur en scène du spectacle) et Nathalie Rochette iront se mêler des relations tendues de quatre couples dont les amours s’étiolent ou tardent à se dévoiler. 

Il y a le Français à la langue vitriolique (Samüel Côté) et la Québécoise névrosée (Jade Bruneau), qui s’abreuve aux magazines féminins. Il y a le macho indomptable (mais au coeur tendre) et la fille voluptueuse et déterminée, qui n’arrive toutefois pas à imposer ses vues à son homme. Il y a le nerd (Simon Fréchette-Daoust) et la reine de beauté (Mylène Mackay), un couple improbable qui s’ignore. Il y a le romantique excessif qui s’amourache de la fille la plus indifférente que la Terre ait portée. Des amalgames qui ne font pas mentir le lieu commun voulant que les contraires s’attirent. Ce sont surtout des personnalités hyper-caricaturales à première vue, mais parce que les auteurs Simon Fréchette-Daoust et Jade Bruneau ont le sens du détail, ils arrivent à éviter la grossière parodie et à révéler des comportements très crédibles à travers cette galerie d’archétypes. Le texte, réaliste, traversé d’une franche répartie et d’une certaine ironie, est la première réussite. Mais l’interprétation à la fois généreuse et nuancée des comédiens y contribue encore davantage.

Jade Bruneau, dans le double rôle de la Québécoise névrosée et de la fille pulpeuse, maîtrise particulièrement bien ce dosage entre le pastiche et le jeu réaliste. Mais tous s’illustrent dans cette comédie fragmentaire qui fait virevolter le spectateur d’une saynète à l’autre avec une fluidité certaine.

Bref, un divertissement de qualité.