Zone Homa : Dans l'univers de Mickaël Lamoureux
Scène

Zone Homa : Dans l’univers de Mickaël Lamoureux

Zone Homa, territoire d’expérimentation théâtrale, propose ce soir d’entendre pour la première fois les mots de Mickaël Lamoureux, jeune acteur et auteur dont la pièce Têtes baissées explore des relations familiales douloureuses, tissées de violences et de secrets enfouis. Entrevue.

Architecte d’un théâtre intimiste, campé dans la cellule familiale, Mickaël Lamoureux s’inscrit dans une certaine tradition théâtrale québécoise: un théâtre de révélation, dans lequel les secrets enfouis sont révélés dans la douleur, dans une inébranlable quête de vérité. Serge Boucher compte peut-être au rang de ses influences; il lui emprunte du moins certains mécanismes d’écriture.

Quand Thomas débarque chez ses parents, à contre-coeur, parce que son père vient de faire une crise cardiaque, il trouve sa mère Danielle au bout du rouleau. Heureuse de le voir, elle ne manque toutefois pas de lui signifier qu’elle a souffert de son absence pendant ces moments difficiles. Ce qui déclenche une confrontation déchirante entre la mère et le fils.

«L’histoire que je propose, explique Mickaël Lamoureux, est une réflexion sur la généalogie émotive transmise de parents à enfants. Thomas est le fils blindé, pris au coeur d’une famille usée, et il choisit d’abord de s’en prendre à sa mère, allant jusqu’à lui reprocher l’amour qu’elle lui a donné. Et c’est à ce moment-là que Danielle, par peur d’échapper son fils, s’oblige à révéler ses secrets enfouis. Pour Thomas le choc est violent. Dans un premier temps, il se fait justicier et porte l’histoire de sa mère comme sa propre croix. Mais au fil de ses réflexions et des gestes qu’ils pose, Thomas, qui se pensait maître de lui-même, se découvre être avant tout, une conséquence des choix et des gestes posés par ses parents et ses grands-parents. Pour Danielle, ce qui est le plus déchirant, c’est de voir son fils reproduire malgré lui le schème familiale qu’elle a voulu épargner à ses enfant. La mère et le fils apprennent ensemble, à redéfinir ce que c’est que l’amour.»

Dans une alternance de monologues introspectifs et de dialogues réalistes, Thomas refait le chemin des violences vécues par sa mère et retrace les moments de rupture dans cette famille au triste vécu, dont la cohabitation n’a jamais été très harmonieuse. La pièce est portée par la parole de Thomas, qui se fait narrateur et évoque les tensions familiales de sa langue imagée.

«Thomas fait le pont entre le présent et le passé de sa mère, précise Mickaël Lamoureux. Il nous fait également part de ses réflexions sur un ton plus souvent descriptif qu’actif. Sa langue est riche, imagée, scandée. Il est porté par un désir de changement violent et nécessaire.»

Les têtes baissées est présenté sous forme de lecture publique ce soir, lundi 5 août, à la Maison de la culture Maisonneuve, à l’occasion de Zone Homa