Bonjour Ivresse : Entre répartie et nostalgie
Scène

Bonjour Ivresse  : Entre répartie et nostalgie

Bonjour Ivresse est une comédie de situations pour trentenaires à la recherche du grand amour. Avec une très franche répartie malgré un jeu d’acteur approximatif.

Comédie parisienne de Franck Le Hen (adaptée pour le Québec), Bonjour Ivresse adopte le rythme et le ton de la sitcom américaine et de la comédie sentimentale typique, mettant en scène des trentenaires aux moeurs décomplexées qui cherchent l’amour et éternisent leur adolescence autour du bar-maison, aliénés par le martèlement des succès dancefloor. Mais surtout, ils s’échangent des répliques fielleuses et amusées, souvent traversées d’une ironie et d’une auto-dérision très post-modernes. C’est le principal intérêt de cette pièce plutôt prévisible: ses personnages ont de la répartie et le sens de la réplique assassine.

Benoît (Gaétan Rancourt) est un jeune homosexuel qui multiplie les conquêtes mais cherche le grand amour à l’aube de son trentième anniversaire. Débarquent sa meilleure amie nymphomane (Amélie Boisvert), également alcoolique et secrètement amoureuse de lui, et sa grande soeur cul-serré (Catherine Allard), qui lui préparent une soirée de fête haute en surprises. Ayant retrouvé dans son vieux coffre à jouets la liste des choses que, du haut de ses 15 ans, il désirait accomplir avant la trentaine, il se lance au coeur de la nuit dans un marathon le menant à l’atteinte de ses vieux objectifs. Les fantômes du passé resurgiront sur fond de trame sonore pop des années 90, ce qui mène Benoît à revisiter, entre autres choses, l’époque où son homosexualité n’était pas parfaitement assumée.

La nostalgie est ici un moteur comique agréable et crée un arrière-plan thématique rigolo: les drames amoureux des personnages trouvent écho dans les paroles ringardes des chansons de Martine St-Clair (qui a fait une apparition surprise sur scène le soir de la première). Rien de bien original dans le fait de rire de la musique québécoise des années 90, mais il ne faut pas bouder son plaisir.

Contrairement aux comédies pour boomers qui parsèment notre scène théâtrale estivale, celle-ci marque des points en osant un langage cru et décomplexé, qui se déploie dans les interactions rythmées de personnages très caricaturaux, mais conscients de leurs travers et aussi cruels envers eux-mêmes qu’envers leurs proches.

Dommage que le jeu manque parfois de tonus: le spectacle aurait grandement bénéficié d’une direction d’acteurs plus rigoureuse. Somme toute un divertissement agréable.

 

Au Gésu jusqu’au 17 août à 20h, dans le cadre des célébrations de la Fierté Montréal

À la scène Lebourgneuf, Québec, du 18 au 21 septembre

http://www.bonjourivresse.com/