Rentrée danse : Foisonnements chorégraphiques
Il est des rentrées plus stimulantes que d’autres. La richesse de celle-ci nous permet de tabler sur des plaisirs garantis tout en prenant le risque d’aiguiser notre goût pour la danse en sortant des sentiers battus.
Pointer les spectacles incontournables d’une saison en danse est toujours une affaire délicate tant les propositions diffèrent et font vibrer des cordes sensibles spécifiques à chacun. Parmi les plus populaires se trouve le flamenco, avec un festival dans le Mile-End en septembre. Se trouvent aussi le métissage entre danse contemporaine et danses urbaines au cœur du travail du charismatique Victor Quijada qui y mêle une gestuelle plus classique dans quotient empirique, le duo de choc Emmanuelle Lê Phan et Elon Höglund qu’on retrouve au festival Quartiers Danses (voir notre article sur le web) et à Tangente, le Français d’origine Ismaël Mouaraki et les dynamiques Geneviève Gagné et Emily Honegger. Par ailleurs, les 25 chorégraphies éclair des soirées Short & Sweet invitent d’autant plus à la découverte qu’elles se déclineront dans l’esprit de Méliès pour le festival Phenomena.
Dans le sillon ouvert par Dave St-Pierre (co-metteur en scène du nouveau spectacle du Cirque Éloize), les œuvres mêlant émotions fortes et physicalité rageuse recueillent aussi souvent l’adhésion d’un large public. On suivra donc l’évolution de Virginie Brunelle qui intègre un nouveau type de corps et de thématique dans PLOMB, et on ira voir comment les conseils d’Enrica Boucher et de Marie Brassard ont servi la première création de Bruno Dufort. Il y mêle danse et théâtre, comme dans la plupart des œuvres présentées au Théâtre La Chapelle qui programme aussi la Franco-Belge Eve-Chems de Brouwer, dont le travail avec des non-voyants éveille la curiosité.
Au rang des têtes d’affiche, soulignons la présence trop rare de la Française Maguy Marin qui ouvre la saison de Danse Danse avec Salves, œuvre-choc sur l’histoire de l’humanité, plus théâtrale que dansée. Suivra Marie Chouinard qui transforme des planches de dessins à l’encre de Chine en chorégraphie trépidante dans Henri Michaud: Mouvements, et ses danseurs en pianistes dans les apaisantes Gymnopédies de Satie. Les Grands Ballets Canadiens de Montréal reprennent quant à eux La Belle au bois dormant du Suédois Mats Ek et on retrouve Benoît Lachambre à l’Agora avec Prismes, œuvre plus ludique et esthétique qu’à l’habitude, créée pour Montréal Danse. Aussi, l’icône française Carolyn Carlson chorégraphie le spectacle multidisciplinaire Le Recours aux forêts présenté à l’Usine C, tandis que Louise Bédard et Manon Oligny représentent respectivement dans le hall de la Place des Arts Série Solos et Où est Blanche-Neige?
Parmi les créateurs ayant déjà une belle feuille de route, David Pressault répond à la première commande d’Anne-Sophie Viens pour la compagnie ID danse en s’intéressant au couple entre fantasme et réalité dans A Melancholic Journal. Peter Trosztmer peaufine 5 out 6 machines, dialoguant avec objets et espace dans une usine désaffectée de Griffintown. George Stamos se livre à une audacieuse variation sur la figure du cochon dans Liklik Pik. Marie Béland donne corps au son dans Figures de silence et présente des extraits de son répertoire à la Risée. Nicolas Cantin met en scène Michèle Febvre, grande figure de la danse québécoise aujourd’hui retraitée, dans Cheese. Et la Catalane Sofia Ascencio revient à l’Agora dans son plus simple appareil pour deviser de philosophie dans Introduction à l’introduction.
Terminons en mentionnant que le Studio 303 n’offrira qu’un spectacle, coupes budgétaires obligent, et que la programmation de Tangente fourmille de propositions alléchantes parmi lesquelles Schizes sur le sundae de Catherine Lavoie-Marcus et Michel F. Côté, Cuire le pain de nos corps de Sarah Dell’Ava et Valse en trois temps de Christian et François Ben Aim. La liste n’est bien sûr pas exhaustive.