Rentrée théâtre : Du vieux et du neuf
Cet automne sur la scène théâtrale, plusieurs spectacles marquants auront droit à une deuxième vie. On ne s’en plaint pas, dans la mesure où la création n’est pas en reste: des écritures fortes seront au programme.
«Encore des reprises», ont peut-être soupiré quelques spectateurs en feuilletant les programmes de saison de plusieurs théâtres. Certes, mais des pertinentes. À La Licorne, il ne faut pas manquer Orphelins, de Dennis Kelly, dans une mise en scène de Maxime Denommée, ainsi que la triade constituée de Scotstown, Cranbourne et Billy (les jours de hurlement) de Fabien Cloutier. Aux Écuries, on retournera voir Mommy, la momie imaginée et interprétée par Olivier Choinière pour confronter les Québécois à l’obscurantisme d’hier et d’aujourd’hui. Dans un registre similaire, Olivier Morin et sa bande inventent un Québec futuriste dans L’assassinat du président, au Théâtre d’Aujourd’hui. Également à voir ou à revoir: Moi, dans les ruines rouges du siècle, d’Olivier Kemeid; Une vie pour deux, d’Evelyne de la Chenelière et Alice Ronfard; et Ubu sur la table, du Théâtre de la Pire Espèce.
Une petite cuvée d’écritures contemporaines
La rumeur s’emballe depuis des mois au sujet de la première pièce de Guillaume Lagarde, Les champs pétrolifères, dont l’écriture utilise le non-dit et cultive l’ambiguïté pour explorer l’éclatement d’une famille. Patrice Dubois s’approprie cette partition en novembre à l’Espace Go. Au Prospero, Aglaïa Romanovskaïa s’attaque à une pièce de Jon Fosse, un auteur qui n’est indéniablement pas assez joué de ce côté-ci de l’Atlantique, et Carmen Jolin adapte un roman de l’incontournable écrivaine américaine Joyce Carol Oates (La preuve ontologique de mon existence). À surveiller: les nouvelles pièces d’Olivier Kemeid (La Resistenza) et d’Anne-Marie White (Déluge), la première incursion de Robin Aubert au théâtre (Le chant de Meu), le spectacle de Philippe Cyr d’après les poèmes de Jean-Paul Daoust (Cendres bleues) ou encore la mise en scène de Instructions pour un gouvernement socialiste qui souhaiterait abolir la fête de Noël, de Michael Mackenzie, par Marc Beaupré. On va aussi tendre l’oreille pendant les spectacles Dominion, de Sebastien Dodge, et Deux, de Mani Soleymanlou et Emmanuel Schwartz.
Un minimum de répertoire
Les grandes œuvres du répertoire se feront rares. Notons tout de même la très libre réécriture de La cerisaie de Tchekhov, par Angela Konrad (sous le titre Variations pour une déchéance annoncée). La même pièce dans sa version originale sera mise en scène par Alexandre Marine au Théâtre du Rideau Vert. Au TNM, René Richard Cyr s’approprie Le balcon de Genet, pendant que Daniel Paquette monte Le cid au Théâtre Denise-Pelletier. Ne s’empêchant pas non plus les folles réappropriations, le Nouveau Théâtre Expérimental et le Théâtre des Fonds de Tiroirs s’unissent pour revisiter Un homme et son péché, de Claude-Henri Grignon (sous le titre Viande à chien).
Une pléthore de nouveaux visages
Comme d’habitude, c’est au Théâtre La Chapelle qu’il faut aller pour découvrir une relève allumée. Notez les noms de Bruno Dufort, Alexa-Jeanne Dubé et Gabriel Plante. Ailleurs, on surveillera le travail de Mathieu Léger (dans Méthodologie pour touristes, aux Écuries), celui de Philippe Robert (Tremblements de tête) et de Jocelyn Roy (Éviscérer), un auteur déjà très prolifique dans le registre comique, mais dont l’écriture plus sérieuse est encore méconnue.