D. Kimm : Pour que le Mile-End conserve ses forces artistiques
Je vais prêcher pour ma paroisse, le Mile-End, où se trouve la plus grande concentration d’artistes au Canada. Les artistes et les créateurs sont la richesse naturelle du quartier, et la bonne idée qu’un politicien devrait avoir serait de tout faire pour qu’ils puissent y demeurer.
À Montréal, on assiste toujours au même pattern. Des artistes s’installent dans un quartier parce que les loyers ne sont pas chers. Le quartier développe son style de manière naturelle, un peu anarchique, sans être formaté par les promoteurs de condos cheaps. Puis le quartier devient à la mode et commence la gentrification. Le prix des loyers explose et l’administration publique s’en mêle pour réglementer, aplanir, mettre aux normes. Bye-bye les artistes, les initiatives indépendantes et la fantaisie.
Pourtant, quand on se promène dans le East Side Village, à New York, on trouve donc ça beau, les installations du Mosaic Man – un artiste qui construit «sauvagement» des mosaïques sur le mobilier urbain depuis 25 ans – ou les magnifiques jardins communautaires créés par des citoyens qui se sont emparés des terrains vagues.
Un politicien visionnaire serait celui qui respecte et encourage les initiatives locales qui font l’originalité d’un quartier. Qu’on laisse de la place aux petits projets hors-norme et à une vie de quartier où les résidents auront le droit d’innover. Sinon, on se retrouve avec des structures coûteusement «désignées», mais mornes et sans vie… Comme un Quartier des spectacles où il ne se passe rien 10 mois par année. Un grand trou vide en plein centre-ville.
D. Kimm
Directrice artistique Les Filles électriques / Festival Phénomena