Soledad au hasard : Le Nord, le Sud
Scène

Soledad au hasard : Le Nord, le Sud

Avec Soledad au hasard, la femme de théâtre Julie Vincent se pointe à Premier Acte avec un conte théâtral contemporain, mais avant toute chose avec une histoire de rencontres.

«Soledad au hasard, commence la comédienne et metteure en scène Julie Vincent, c’est la rencontre de deux femmes, deux générations, deux villes: Montréal et Buenos Aires. Et de deux chaos.»

Le krach financier de 2001 en Argentine et les remous du printemps érable, point focal du récit, établissent une correspondance entre ici et là-bas, ce qui n’est pas étranger à Singulier Pluriel, la compagnie dont elle est la fondatrice et directrice artistique, s’intéressant à «des œuvres contemporaines qui deviennent à chaque fois un véritable laboratoire interculturel dans l’axe Nord-Sud.»

Ainsi, une photographe québécoise qui a tout perdu dans la capitale argentine au moment du soulèvement populaire retrouvera dix ans plus tard, à l’UQAM, la jeune étudiante argentine Soledad qui ne pourra s’intégrer à sa nouvelle ville qu’à la suite du récit de la première, dans le coin du métro Berri.

Si le récit est truffé de hasards, «rencontres» demeure toutefois le maître mot de la pièce et de son processus de création, nourri de contacts heureux: avec Liliane Boucher, entre autres, qui partagera la scène avec la comédienne, mais aussi avec des Argentins interviewés et des artistes sud-américains. «Il y a eu des contrastes de travail, des contrastes de culture, et ça a alimenté la compagnie, poursuit Julie Vincent. On a commencé à se définir de nouvelle façon, à partir des fractures de l’Amérique, si je puis dire…»

À Buenos Aires, elle a notamment pu constater le peu de moyens avec lesquels des artistes réussissent à faire vivre leur art. «Ils travaillent avec peu de décors, ils ont remis à jour le conte en s’inspirant de Cortázar et de Borges, en réinventant avec leur propre imaginaire une écriture dramatique qui veut dépasser les fractures des générations antérieures pour parler de la leur, hurler celle qu’ils vivent au quotidien.»

Dans un suspense en quinze tableaux sur fond d’images du photographe François-Régis Fournier et de sonorités argentines livrées par l’accordéon du compositeur Michel Smith, Soledad au hasard nous amène à voir une autre Amérique, à partir d’une rencontre impossible entre deux femmes au coin de la statue d’Émilie Gamelin. «Le hasard, ponctue Julie Vincent, référant au travail de Julio Cortázar, c’est la richesse des déshérités.»