Billy (les jours de hurlements) : Avec pas de filtre
Scène

Billy (les jours de hurlements) : Avec pas de filtre

Billy (les jours de hurlement), Prix Gratien-Gélinas 2011, arrive dans la ville de l’auteur Fabien Cloutier. Entrevue avec un homme fort en bouche. 

Une femme (Catherine Larochelle) voit un enfant mal traité; un homme (Guillaume Cyr) voit un de ses enfants soupçonnés d’avoir des poux; une seconde femme (Louise Bombardier) attend depuis longtemps un simple babillard. «Tout part le même matin, résume l’auteur Fabien Cloutier. Trois personnes ont des intentions claires: "À partir d’aujourd’hui, ça suffit".»

Bâtie comme une fable, Billy s’en prend au jugement que nous avons facile, à nos opinions tranchées et à la rogne qui les motive. «On a une tendance lourde à la colère, mais la colère qui fait du surplace. Et je pense que c’est ça, Billy: de la colère qui fait du surplace.»

Le sel de son travail réside dans une écriture hautement travaillée – et saluée – malgré des apparences grossières. «La sonorité »: voilà ce qu’il répond avec aplomb, interrogé sur l’essentiel de son travail. «Et le rythme, la pensée qui avance. Mes personnages sont rarement en train de réfléchir à froid. Je les mets dans une situation où ils sont bousculés intérieurement pour X raisons, là où l’émotion est assez forte pour que le filtre tombe. […] Moi, aller au théâtre pour entendre des belles phrases… pantoute. Mes personnages ont pas le temps de faire des belles phrases, c’est pour ça qu’ils sacrent: parce qu’il faut que ça sorte, là.»

On est loin du «fameux quinze minutes de l’acte un du théâtre classique ou contemporain», dit Cloutier.  «Moi, quand ça commence, ça va déjà mal. Et là, on s’explique…»

«On consomme du cinéma, de la télé qui va vite, qui nous donne des univers. Dans une soirée, on se tape deux épisodes d’une bonne télésérie, on en fait du chemin… on est capable d’en prendre! Alors tout à coup, je pense qu’on en a moins besoin, maintenant, de cette affaire-là.»

Un peu impatient, Fabien Cloutier? «Je le suis, au théâtre. Quand ça fait quinze minutes que je suis là sans trop savoir c’est quoi le problème… Moi, ce qui m’importe, c’est: "Quand est-ce que ça va mal? Dis ce que t’as à dire!"» On peut s’attendre, en somme, à du théâtre explosif et sans fioriture: un peu plus d’une heure, pas beaucoup plus. Sans entracte, évidemment.

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Médisances publiques

Le Périscope frappe un grand coup avec sa nouvelle campagne de publicité, sorte d’antipromotion mettant à profit les préjugés entretenus sur le théâtre. Une autoflagellation publique vue d’un certain œil, mais qui a pour effet de conscientiser le grand public sur ses préconceptions éhontées face au 6e art. «Un divertissement de vieux, d’intellos ou d’artistes avec quatre foulards dans le cou», comme le diront les gourous de la radio-poubelle et leurs disciples. C’est justement, et à quelques mots près, ce que l’équipe a choisi d’écrire sur leurs affiches déjà installées dans les bus de la RTC et aussi dans les toilettes de bars. Une offensive qui transcende les frontières de la publicité et qui vise à susciter un débat.

La discussion avec le directeur artistique de l’endroit (Frédéric Dubois) se poursuit au voir.ca/periscope