Gad Elmaleh au Théâtre St-Denis : Tout simplement Gad!
Scène

Gad Elmaleh au Théâtre St-Denis : Tout simplement Gad!

C’est un Gad Elmaleh en pleine forme qui a conquis un public enthousiaste et diversifié au Théâtre St-Denis, jeudi soir.

À la fin de son spectacle, Gad Elmaleh raconte une anecdote de son enfance: ses parents l’avaient déguisé en cowboy pour une fête costumée à l’école. Déposé en retard à l’école par son père, comme d’habitude, le jeune Gad, tout fier de son costume, ouvre la porte de sa classe comme celle d’un saloon dans les westerns. Tous les enfants sont habillés normalement. Ses parents s’étaient trompés de date. S’en résulte un fou rire dans la classe que l’humoriste raconte comme l’élément déclencheur de sa carrière. « À partir de ce moment, je savais que ce que je voulais faire comme métier, c’était de vous faire rire. »

Mission accomplie. Depuis plus d’une décennie Gad Elmaleh rentre dans la culture populaire à coups de fous rires et de moments désormais classiques : la chèvre de M’sieur Seguin qui voulait gambader, le grand-père au McDonald, Coco qui voulait éclater les gens, la cigarette, le blond qui skie parfaitement, la tomate qui s’échappe du sandwich, le petit oiseau qui n’avait pas d’ailes : tout ceci compose le parcours hilarant d’un homme encore capable de lancer des observations qui inspirent les gens à crier « C’est tellement vrai! » entre deux rires, en plein spectacle.

De son arrivée informelle à sa sortie musicale, le Théâtre Saint-Denis était en train de rire, presque sans pause. Bon, une petite mésaventure en terrain glissant, à propos de la Charte des valeurs québécoises, a laissé un tout petit froid, mais Gad Elmaleh n’est pas polémiste, et il connaît son public assez bien pour s’en sortir. En fait, il ne le connait pas bien, il le connaît parfaitement. Quand il raconte qu’il aime rentrer dans des églises, il imagine la réaction consternée des juifs dans la salle, la curiosité ambiguë de ses admirateurs musulmans, et l’enthousiasme désespéré de ses fans catholiques. Quand il parle de mariage gai, il lit dans les pensées de ses spectateurs et anticipe toutes les réactions possibles : en connaissant son spectateur, il diffuse toute situation qui pourrait s’avérer polémique ou problématique.

Parce qu’il les rencontre, ses admirateurs, dans toutes sortes de situations, partout dans le monde. Au Québec : « C’est-tu Julie Snyder qui vous reproduit? ». En France : « Je veux vous dire, ma femme, elle vous adore, et croyez-moi, c’est réciproque ». Au Maroc : « Vous savez, à chaque fois que je vous vois à la télé, je pense à vous! »

Ce soir, Gad était un peu chez lui après une tournée américaine dans laquelle il a connu un certain anonymat (mis à part une invitation fort sympathique dans la websérie de Jerry Seinfeld) qui lui a permis d’observer de près la culture américaine. Des employés de magasins qui sont plus qu’heureux de vous aider mais qui ne veulent pas connaître vos problèmes, aux serveurs sprinteurs qui veulent vous débarrasser de vos assiettes, en passant par les douaniers hostiles qu’on essaie de séduire, Gad Elmaleh nous raconte son Amérique. Une Amérique dans laquelle une jolie blonde dans un bar chic lui refuse un verre mais qui devient soudainement curieuse lorsqu’une bande de touristes français arrive par hasard et le traite comme la célébrité qu’il est. En voyant le spectacle, la grande blonde, cette panthère new-yorkaise comme il la nomme, lui demande : « Who the fuck are you? »

Qui il est, c’est Gad. Un Gad capable de conquérir le cœur de son audience dès ses premières paroles et qui rentre, informellement, facilement, naturellement, dans un monologue interactif avec un public qui le connaît, et l’adore. Un Gad capable de faire répondre « Brian is in the kitchen » lorsqu’il demande « Where is Brian? » et dont la chanson culte « Petit oiseau si tu n’as pas d’ailes » inspire un engouement palpable et unique dans une salle de conquis. C’est un Gad qui célèbre ses multiples nationalités et qui inspire le rire et les applaudissements chez les représentants de ces nationalités assis dans la salle. C’est un Gad assumé, conscient de soi, qui donne l’impression de nous connaître encore plus qu’on ne le connaît. C’est tout simplement Gad, en pleine forme, qui accomplit merveilleusement bien la résolution prise dans son enfance : faire rire.

Gad Elmaleh au Théâtre St-Denis, les 11 et 12 octobre à 20h.