Festival international du conte Jos Violon de Lévis / Catherine Gaillard : Femme libérée
Scène

Festival international du conte Jos Violon de Lévis / Catherine Gaillard : Femme libérée

La Suisse Catherine Gaillard rescape des marges de l’histoire la féministe Flora Tristan dans Les pérégrinations d’une paria à l’occasion du Festival international du conte Jos Violon de Lévis.

Militante socialiste, protoféministe, pionnière du syndicalisme moderne; Flora Tristan n’apparaît pas, malgré ce curriculum vitae bien garni, dans les livres d’histoire. Née dans l’opulence de l’aristocratie du 19e siècle, la jeune fille sombre alors qu’elle est toujours enfant dans la pauvreté fangeuse à la suite de la mort de son père (une histoire de certificat de mariage mal consigné, qui la transforme en bâtarde). «Ce regard d’intelligence et d’érudition qu’elle avait acquis avant de devenir pauvre et que les gens de sa nouvelle condition ne partageaient pas lui a permis de décoder le monde et ses injustices frappantes. C’est la racine de sa colère. Elle ne se faisait pas à cette idée que le monde est injuste. Il fallait le changer», explique la conteuse Catherine Gaillard, qui travaille à rendre à cette importante femme sa juste place avec Les pérégrinations d’une paria.

Ennemie de la populaire George Sand, la femme de lettres luttera toute sa vie contre les camouflets que la vie lui balance à la figure et fustigera les exploiteurs de tout acabit, s’aliénant du même coup ceux qui auraient pu l’aider à gravir les échelons d’un monde – celui de la littérature – où les retours d’ascenseur jouent pour beaucoup. Forcée à épouser un mari qui l’a violée, Madame Colère (son surnom) désertera le lit conjugal – une hérésie – avant de se faire tirer une balle dans le cœur par l’homme éconduit. Tentative d’assassinat à laquelle elle survivra, malgré les funestes pronostics des médecins. À quoi s’active-t-elle après s’être remise sur pied? «Quand elle apprend que son mari emprisonné, un homme qu’elle déteste, risque la peine de mort, elle se rend à la Chambre des députés pour remettre une pétition réclamant son abolition, parce qu’elle était profondément contre la peine de mort!»

Militante LGBT et ex-élue d’extrême-gauche au conseil municipal de Genève, Catherine Gaillard avoue, dans la biographie officielle disponible sur son site web, aspirer à changer le monde. «Je suis devenue plus raisonnable sur ce sujet-là. Je commence à penser que je ne vais pas y arriver seule», rigole celle qui présentera aussi à l’occasion du festival Jos Violon Le Cosmorgasme….et autres conquêtes, un spectacle coquin. «Mais je constate de plus en plus que le conte permet de faire naître l’empathie chez des gens qui, s’ils lisaient dans le journal la même histoire, ne seraient pas forcément d’accord avec toi.» 

Le Cosmorgasme…et autres conquêtes

Le 22 octobre à 19h30

Chez Regart, centre d’artistes en art actuel

Floran Tristan, les pérégrinations du paria 

Le 23 octobre à 19h30

Au Centre Femmes L’Ancrage

Toute la programmation au josviolon.com