Festival Artdanthé / Entrevue avec Jack Udashkin : Vivre mal mais créer bien
Né en France au Théâtre de Vanves, le festival Artdanthé se déploie en version montréalaise pour une deuxième édition. Entrevue avec l’intuitif Jack Udashkin, dont le légendaire flair artistique a déniché cette année des œuvres interdisciplinaires toutes québécoises.
Avec ses huit spectacles présentés sur une durée totale d’un mois, cette deuxième édition d’Artdanthé est plus imposante que la première (en 2011), même si des soucis de financement ont empêché Jack Udashkin d’y ajouter quelques spectacles étrangers. Ce qui n’a pas empêché le rebelle directeur artistique de faire à sa tête, faisant fi des lois de l’industrie culturelle pour programmer des artistes dont le nom ne vous dira presque rien et que lui-même, parfois, ne connaît que très peu. C’est que Jack est une bête d’intuition, un formidable défricheur qui sait accorder sa confiance à des artistes qui, parfois, n’ont pas beaucoup de clous sur leurs feuilles de vie, mais une profonde énergie créatrice et un tas de choses à dire.
«Ce sont des spectacles difficiles à classer, dit-il, mais le festival me permet d’offrir aux spectateurs une sorte de condensé de l’état d’esprit de La Chapelle. Ce sont des gens que je veux suivre et qui forment une nouvelle famille d’artistes tripante, qui abordent des sujets graves, mais travaillent dans l’optimisme sans passer leur temps à chialer parce qu’ils ne sont pas subventionnés. Je les vois comme des héritiers de Frédérick Gravel, Virginie Brunelle et Mani Soleymanlou, qui font partie de la grande famille de La Chapelle et qui ont développé chez nous des esthétiques fortes.»
Qui sont-ils? On suivra d’abord Gabriel Plante, avec les spectacles Clap Clap et Cube blanc, qui font exploser en paroles hachurées la solitude, le manque d’amour, la quête de l’autre et la dureté des interactions humaines. «Quand j’ai vu Clap Clap, dit Udashkin, j’ai été fasciné par l’inventivité de Gabriel. L’éclairage vient d’un seul rétroprojecteur, tout est fait à la main, de manière rudimentaire mais vraiment efficace. C’est pareil dans Cube blanc, spectacle pour lequel Gabriel a travaillé avec le scénographe Joel Desmarais, qui est un petit génie.»
La perte de sens et les douleurs de l’individualité sont au menu de quelques autres créations. Rien de neuf sous le soleil, mais c’est en travaillant à des formes diverses que les artistes renouvellent ces thèmes. Le comédien Jocelyn Pelletier, dont le travail de metteur en scène est déjà bien connu à Québec, propose Entre vous et moi il n’y a qu’un mur, une fresque chorale sur la «standardisation de l’individu», pendant que le circassien Jonathan Fortin provoque la rencontre entre la solitude et le désir dans Caresse. «Jonathan a une approche unique du cirque, précise Udashkin, il est vraiment accompli dans sa discipline, mais il refuse de faire un cirque qui repose seulement sur la virtuosité et le numéro athlétique.»
Également au programme: la très intrigante pièce d’Eve-Chems de Brouwer sur la perception et les sens, créée avec des non-voyants, ainsi que des pièces de Sabrina Reeves, Clea Minaker et du duo Li Alin (Julie Mealin)/Cécile Martin.
Du 14 novembre au 14 décembre
À La Chapelle
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