Bach: le mal nécessaire : Super Mario
Scène

Bach: le mal nécessaire : Super Mario

Avec Bach: le mal nécessaire, Mario Veillette sort de sa bulle butō et crée une chorégraphie énergique, athlétique. Un patchwork sur la vie en cinq actes.  

«J’ai acheté l’œuvre totale de Bach. 257 disques en tout. J’ai écouté ça pendant neuf mois, j’ai passé au travers.» Depuis août 2011 – trois mois, donc, après avoir présenté Père et mère au Grand Studio de la Rotonde – le maître Veillette s’est plongé dans la création d’une œuvre avec pour cœur la musique: celle d’un artiste plus grand que nature, les pièces indémodables d’un Allemand ayant vécu il y a trois fois cent ans.

 

Calcul facile: ça fait près de deux ans de travail pour une pièce qu’il ne présentera que trois fois. Mais combattre l’éphémère ne semble pas faire partie des désirs de ce chorégraphe également professeur à l’École de danse de Québec. Il se concentre sur le travail en studio avec les interprètes et sur les heures de recherche en solo. Oui, Mario Veillette est triste de la mort annoncée de sa pièce. Mario Veillette est réaliste, mais jamais résigné. Trouve-t-il difficile de jeter Bach: le mal nécessaire à la corbeille après tant de boulot? Il se contentera de répondre d’un sourire les lèvres pincées et d’un hochement de tête révélateur avant d’ouvrir la bouche. «C’est difficile de vendre une pièce avec des noms de la relève. C’est pas comme si j’avais Louise Lecavalier dans mon spectacle.»

 

Qu’importe. Parce qu’en plus d’être très organisé comme animateur de radio commerciale avec ses feuilles de route réglées à la seconde près, le chorégraphe sait aussi s’entourer des meilleurs interprètes de la ville, ceux qui sont les plus demandés aussi. Que d’anciens élèves pour qui il a d’abord été mentor. Des danseurs qu’il a repérés tel un recruteur de la LNH alors qu’ils étaient encore sur les bancs d’école. Du nombre, l’anthropologue devenue femme de danse Annie Gagnon (Cocoon) et la polyvalente Maryse Damecour (STAG 2, La petite mort), celle qui est obsédée par les mouvements à leur en donner des noms. «J’aime travailler avec des créateurs. Ça ajoute de la profondeur.» Des danseurs, en tout, il y en aura sept sur scène et ne ils ne feront pas que bouger. Ils chanteront aussi, par moment et en deux passages distincts. L’un plus théâtral, l’autre en mode choral.

 

Plus qu’une trame de fond, la musique de Bach se fera entendre au-delà des enregistrements sur lesquels on pèse sur play. Érick D’Orion, figure de proue de l’art audio à Québec, y signe pour une première fois des compositions dédiées à un spectacle de danse contemporaine. Loin de se contenter d’un simple remixage, D’Orion s’est approprié Bach et l’a façonné comme on concasse la pierre sortie d’une carrière. Des créations originales au-dessus desquelles flotte le fantôme de Johann Sebastian.