Artistes 2013 – Fabien Cloutier : L'homme sans compromis
On emballe 2013 - Coups de coeur de l’année

Artistes 2013 – Fabien Cloutier : L’homme sans compromis

Ses spectacles ScotstownCranbourne et Billy (Les jours de hurlement) ont continué de ravir cette année des spectateurs avides de sa langue acidulée et de son regard lucide sur un Québec peu reluisant. Mais Fabien Cloutier a aussi fait ses premières armes comme humoriste et a déverni La guerre des tuques. Entre autres choses.

Il habite encore Québec, mais les allers-retours de ce Beauceron d’origine entre la capitale et la métropole ont de quoi donner le vertige. Fabien Cloutier était partout cette année. À Montréal, sur la scène de La Licorne où il se sent comme chez-lui, mais aussi à Québec au Périscope et dans le réseau des Maisons de la culture. Le festival Zoofest lui a permis de tester devant public le matériel d’un tout premier one-man-show baptisé En laboratoire, pendant que de l’autre côté de la 20, on dégustait sa version pour adultes de La guerre des tuques, jouée en plein air au Musée des beaux-arts dans le froid hivernal. Pour les auditeurs d’ICI Radio-Canada Première, ses délires proverbiaux à l’émission Plus on est de fous, plus on lit! sont désormais tradition. Fabien Cloutier déploie ses tentacules un peu partout. Et ce n’est pas fini.

Bonne nouvelle: il constate que les spectateurs comprennent mieux son écriture crue et sans compromis, maintenant qu’il jouit d’une vaste attention médiatique et qu’il a souvent l’occasion de parler de son travail. Ses personnages, des Québécois blancs qui vivent en région, sont dévorés par une colère et par une insatisfaction intarissables qui s’expriment parfois sans nuances. Leur langue est rustre et ils fraient avec une dérangeante violence verbale. Mais Cloutier ne se sent pas si loin d’eux et il aménage dans son écriture des espaces de tendresse: une bienveillance toute naturelle à l’égard de ces personnages capables de grossièretés, mais mûs par de bonnes intentions. Il sait mettre en lumière les dégâts issus d’une vie sans horizon, mais ne déresponsabilise jamais ses personnages quand ils dévoilent leurs zones d’ombre, leur racisme, leur mépris, leur ignorance crasse.

«Les premiers spectateurs qui ont vu Scotstown réagissaient un peu moins bien, dit-il. Mon écriture joue sur le malaise, elle est crue et peut être perçue comme une apologie du cru, si on l’écoute au premier degré. Mais je pense qu’au fil du temps, ma démarche est de mieux en mieux comprise et que les spectateurs voient bien à quel point je m’inclus dans le portrait du Québec que j’essaie de peindre. D’ailleurs, mon one-man-show va dans le même sens. Je prends la parole en mon nom, et pourtant je dis des choses difficiles à assumer: je suis comme mes personnages, traversé de contradictions et de pensées peu glorieuses.»

Que lui réserve 2014? Un nouveau texte, qu’il va lui-même mettre en scène, prendra l’affiche de la prochaine saison de La Licorne (où il est artiste en résidence). L’expérience du one-man-show s’étant avérée concluante, il nous en offrira un deuxième, quelque part au printemps au Théâtre Sainte-Catherine. Avec Brigitte Poupart et ses comparses de la compagnie Transthéâtre, il travaille à une adaptation du roman Dans le scriptorium de Paul Auster, qui sera jouée dans le dôme immersif de la SAT avec projections vidéo englobantes. «Pour la première fois dans mon travail, dit-il, l’image est prépondérante et précède l’apparition du mot. C’est une tout autre manière d’écrire et c’est très vertigineux.»
 
 

Top culturel de Fabien Cloutier

Concert

Gros Mené à l’Impérial de Québec en juillet

C’était dans le cadre du Festival d’été de Québec. Pour le son, la décharge d’énergie et parce qu’il avait l’impression que le meilleur public de Québec était dans la salle ce soir-là.

Arts visuels

L’expo de Pellan au Musée national des beaux-arts du Québec. Parce qu’il y était avec sa blonde et avec 4 enfants de 4 à 8 ans qui ont aimé ça autant que lui. De l’art québécois aux résonnances universelles.

Musique

L’album Le temps inventé de Maude

Pour sa poésie, pour les arrangements de Navet Confit et parce qu’à travers le courant folk du moment, ça fait du bien qu’on rebranche les guitares et la distorsion une fois de temps en temps.
 
 

Top 5 Théâtre Montréal par Philippe Couture

1. Le iShow, par Les petites cellules chaudes

2. Cinq visages pour Camille Brunelle, de Guillaume Corbeil, mise en scène de Claude Poissant

3. La fureur de ce que je pense, d’après Nelly Arcan, mise en scène de Marie Brassard

4. Le dernier feu, de Dea Loher, mise en scène de Denis Marleau et Stéphanie Jasmin

5. Deux, de Mani Soleymanlou

(P. Couture)
 
 

Top 5 Théâtre Québec par Catherine Genest

1. Les aiguilles et l’opium, de Robert Lepage

2. Le «K» Buster, de Raphaël Posadas

3. Le NoShow, de François Bernier, Alexandre Fecteau, Hubert Lemire et Maxime Robin, mise en scène d’Alexandre Fecteau

4. Trainspotting, d’Irvine Welsh, mise en scène de Marie-Hélène Gendreau

5. Dévadé, de Réjean Ducharme, mise en scène de Frédéric Dubois

(C. Genest)