2013 revue et corrigée : Rire gentiment
Scène

2013 revue et corrigée : Rire gentiment

Ne réinventant pas sa formule éculée mais proposant une efficace enfilade de sketchs parodiques, 2013 Revue et corrigée fait le portrait d’une année politiquement tumultueuse.

En ce qui concerne la forme, je pourrais écrire de 2013 Revue et corrigée la même critique que l’an dernier, ainsi que de l’année précédente. Le spectacle respecte à la lettre une recette éprouvée mais éculée. Chaque année, les auteurs brassent la soupe de l’actualité avec celle du divertissement télévisuel et en font naître des sketchs souriants dans lesquels une personnalité politique débarque dans l’univers d’un téléroman populaire. Quand on n’est pas dans une improbable version d’Unité 9 ou du Choc des générations, on atterrit en pleine parodie d’une chanson entendue sur les ondes des radios commerciales. L’enrobage musical est constant et, en ce sens, l’équipe de Revue et corrigée se met au diapason des goûts du prétendu «grand public», qui continue d’être fidèle à Star Académie et La Voix (émission qui sera évidemment parodiée par la talentueuse équipe de comédiens-imitateurs).

Inutile de préciser qu’on se lasse vite de ces formules répétitives. Elles sont néanmoins efficaces, et une fois qu’on a fait le deuil de l’inventivité, on apprécie le rythme du spectacle mis en scène par Alain Zouvi, ainsi que son ambiance festive et ses brillants comédiens, malgré un manque de mordant et de risque: les blagues sont consensuelles et le rire est gentil. Mais rire il y a abondamment, tout de même.

Chaque année, on ressort d’ailleurs de ce spectacle subjugué par la précision des imitations de Marc St-Martin. De celles-là, on ne se lasse pas. En Julie Snyder zozoteuse et ricaneuse, il est épatant. Mais c’est dans les costumes de Micheline Lanctôt qu’il est à son mieux. Le grain de la voix, la posture, le doux mélange d’autorité et de désinvolture: voilà une imitation plus-que-parfaite, d’une précision redoutable.  

Chacun a son personnage de prédilection. Suzanne Champagne confond tout le monde quand elle entre en scène dans la peau de Pauline Marois: on croirait vraiment que la Première ministre, avec ses airs de Castafiore, vient de s’infiltrer sur la scène du Rideau-Vert. Véronique Claveau est au sommet de sa forme dans son interprétation de Céline Dion, dont elle maîtrise parfaitement les tics. Benoît Paquette, lui, fait un Fred Pellerin halluciné et hallucinant.

C’est à travers ces personnalités, ainsi que les Denis Coderre, Jean Tremblay, Régis Labeaume et Djemila Benhabib (entre autres), que sont auscultés les événements de l’actualité 2013. L’inévitable charte des valeurs passe dans le tordeur (sujet abordé de manière plutôt prudente) ainsi que les élections municipales. Mais peu d’autres sujets politiques trouveront leur place dans ce spectacle qui a davantage le show-business dans sa ligne de mire.