Traces, des 7 doigts de la main : Retour aux sources
Scène

Traces, des 7 doigts de la main : Retour aux sources

C’est désormais un classique. Traces, des 7 doigts de la main, est de retour à la Tohu pour toute la période des fêtes avec une nouvelle distribution. Succès assuré pour ce spectacle organique et divertissant qui flirte presqu’autant avec la danse et le théâtre qu’avec le cirque.

Ils sont sept. D’origines québécoise, britannique, américaine, française ou mexicaine, ils entrent sur scène et se présentent en choisissant leurs mots, s’offrant au regard de l’autre en montrant autant leurs atouts que leur vulnérabilité, en mêlant douce vantardise et joyeuse autodérision. Ce sera un spectacle de cirque qui emprunte, partiellement, aux codes de l’autofiction.

Et ça leur sied bien, aux 7 doigts, cette narrativité autobiographique, malgré une certaine naïveté et un caractère inoffensif, qui est charmant mais un peu mièvre. Disons que le propos manque de chair, que la prémisse, faire un spectacle inspiré des personnalités réelles des artistes, est très féconde mais ici exploitée de manière très partielle, dans une sorte d’effleurement qui paraîtra insatisfaisant aux chercheurs de sens. Mais ne boudons pas notre plaisir: il y a là un prétexte intelligent à la succession des numéros de cirque, à travers lesquels se déploient fort intelligemment et fort bellement l’idée de la trace, du parcours, de la course contre le temps, du passage des êtres dans une vie qui roule à toute allure.

Le spectacle réussit très bien à représenter, même dans les numéros les plus strictement circassiens et virtuoses, un champ de signification évoquant le chemin, le parcours, l’obstacle,la traversée. C’est notamment le cas lors d’une scène acrobatique en planche à roulettes, et dans un magnifique numéro de mâts chinois que les artistes grimpent, contournent et autour duquel ils virevoltent en créant des tracés invisibles. Lucas Boutin, dont c’est la discipline de prédilection, s’y illustre particulièrement. Même chose lors du numéro final, alors que s’installe sur scène une sorte de tunnel de la mort que les artistes parcourent en se lançant, corps étiré ou replié, dans des anneaux chinois, lesquels se superposent et s’élèvent toujours plus haut.

La métaphore du passage et de la trace paraît moins évidente dans les numéros de sangle, où l’on est dans un rapport circassien plus traditionnel, et parce que la verticalité des images créées, malgré une évocation du voyage (de l’élévation), ne représente pas aussi bien l’idée de la trace ou du chemin parcouru. Ils sont aussi un peu parasitaires: ce sont les seuls numéros individuels dans un spectacle qui exalte la force de groupe et dont on apprécie davantage les chorégraphies où tous vibrent à l’unisson. Même sentiment d’inadéquation au propos lors du numéro de roue Cyr de Mathieu Cloutier, qui est tout de même fort réussi.

Intégrant le chant, la danse, le dessin et même le sport, Traces repose sur des mouvements très acrobatiques, en groupe, qui intègrent parfois des accessoires (comme le ballon de basket) et qui enchâssent la danse et les numéros de main et à main dans une étonnante fluidité.

N’ayant pas vu les précédentes versions du spectacle, je ne suis pas en mesure de comparer les performances des anciens et des nouveaux interprètes. Mais ce serait vain, tant il m’a semblé que ceux-ci s’étaient bellement approprié le spectacle.