The meeting, Mozongi et Couscous comedy club : Sur scène pour le mois de l'histoire des Noirs
Scène

The meeting, Mozongi et Couscous comedy club : Sur scène pour le mois de l’histoire des Noirs

Février est le mois de l’histoire des Noirs et la scène montréalaise y fait écho en faisant fi des clichés. Discussion avec le comédien Lindsay Owen Pierre, la chorégraphe Zab Maboungou et l’humoriste Uncle Fofi (Fares Mekideche).

Une discussion respectueuse entre Martin Luther King et Malcolm X sur leurs divergences de points de vue dans la lutte contre la domination raciale des Blancs? Ce n’est peut-être pas arrivé souvent dans la vraie vie, mais c’est ce qu’invente la pièce The meeting, présentement à l’affiche du centre Segal avec Lindsay Owen Pierre dans le rôle de Malcolm X. À la SAT, les tambours donnnent le rythme de la chorégraphie Mozongi, de Zab Maboungou, en reprise pour deux soirs seulement. Pendant ce temps au cabaret du Mile-End, Uncle Fofi vous invite à un nouveau rendez-vous humoristique et musical au Couscous comedy club: une soirée sous le signe de la culture haïtienne avec, notamment, l’humoriste Réginald.

 

The meeting: Lindsay Owen Pierre dans la peau de Malcolm X

Né à Calgary de parents québécois et ayant grandi à Montréal, Lindsay Owen Pierre est un acteur de théâtre et de télé qui travaille surtout à Toronto et aux Etats-Unis. En tant que Noir ayant grandi au Québec et dans le reste du Canada, il dit avoir vécu un peu de racisme pendant sa jeunesse mais le ressentir aujourd’hui de façon plus subtile. «C’est une réalité d’aujourd’hui, dit il. Le racisme n’est pas violent mais il se manifeste dans les inégalités sociales et dans une certaine perception stéréotypée de l’identité noire par les gens, souvent par ignorance.Comme acteur, je le vis quand on m’offre des rôles caricaturaux de bandits, de membres de gangs de rue – ça arrive encore trop souvent.»

Il préfère quand on lui demande de jouer Malcolm X. C’est d’ailleurs la deuxième fois qu’il incarne le célèbre militant – il a pris ses traits dans un récent film américain, Betty and Coretta, avec Mary J. Blige. Sa partition dans The meeting, présenté au centre Segal dans une production du Black theatre workshop, est toutefois plus costaude. «Malcolm X accusait Martin Luther King de se laisser intimider et de ne pas lutter assez fort contre la société dominatrice érigée par les Blancs. Alors que Luther King, adepte de la non-violence, n’aimait pas la colère inflammatoire de Malcolm X, qui, à son avis, poussait la communauté afro-américaine à des comportements violents qui contribuaient à leur mauvaise image. Mais l’un et l’autre se percevaient de manière incomplète, à partir de leurs propres préjugés. En aménageant une rencontre fictive entre eux, la pièce tente de les faire enfin dialoguer comme il se doit, dans une tentative de se comprendre. En tout cas de véritablement échanger leurs points de vue, de voir si leurs manières de se battre sont véritablement inconciliables.»

Difficile, aujourd’hui, de ne pas être du côté de Martin Luther King et de sa philosophie non-violente. Mais la pièce de Jeff Stetson, dans une mise en scène de Quincy Armorer, permet de mieux comprendre la colère de Malcolm X et de ne pas l’accuser trop vite. «Il voulait que les deux races soient séparées mais égales, qu’ils aient chacun leur territoire, sans se croiser, mais sans qu’une ethnie domine l’autre. C’était une fantaisie, mais il ne croyait pas à l’intégration, il ne s’imaginait pas en mesure d’aimer et de fréquenter une communauté qui avait oppressé son peuple pendant de si longues années. Dans le contexte, on peut le comprendre. En tout cas j’ai fait ce cheminement avec lui pour arriver à le jouer, pour arriver à rendre son discours et sa pensée justifiables, pour qu’il soit convaincant et convaincu.»

The meeting est à l’affiche du Centre Segal jusqu’au 2 mars

 

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Mozongi: au rythme du tambour avec Zab Maboungou

Pour célébrer le 25e anniversaire de Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata, la chorégraphe reprend Mozongi, une pièce créée en 1997 et entièrement portée par le rythme des tambours africains. «Les tambours ont un rôle fondamental dans les cultures africaines, explique Zab Maboungou, et la notion de rythme m’interpelle particulièrement – j’explore le rythme dans le corps, dans le temps, que j’essaie de mettre en scène. Il s’agit de retracer le passage du temps à travers le langage corporel. J’associe souvent la mémoire du corps avec la notion de dimension : le corps a une dimension et s’agite dans l’espace et dans le temps de manière singulière – c’est aussi la raison pour laquelle je choisis des interprètes aux profils très variés. La manière dont ces corps sont formés, pour moi, est un indicateur de la manière dont ils portent leur mémoire. C’est ce que j’essaie de faire agir sur scène. Une exploration de la singularité de chaque corps et de sa propre mémoire.»

On a souvent dit du travail de Zab Maboungou qu’il fusionnait les traditions africaines et la danse contemporaine, dans un certain «métissage». Baratin, nous dit la chorégraphe, à qui on a posé la question dans le sillon de son inscription dans les célébrations du mois de l’histoire des Noirs. «Je préfère aborder mon travail sous l’angle d’un déplacement continuel des schémas culturels, sous l’angle de la mouvance, même si pour moi la modernité creuse continuellement dans l’ancestral, et beaucoup plus qu’on ne le croit. Le baratin à propos du métissage est toujours inadéquat en ce qui me concerne, je trouve que c’est à côté de la question. Je ne fais pas de métissage entre la danse contemporaine et danse africaine parce que, pour ce faire, il faudrait opposer les deux et la danse africaine d’aujourd’hui est aussi contemporaine que la danse occidentale. Métis, ça veut dire mélange de ce qui n’est pas usuellement mélangeable. Il n’en est rien en ce qui concerne mon travail, où tout se fait de façon organique.»

Mozongi est présenté à la SAT les 13 et 14 février

 

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Uncle Fofi: le plus haïtien des Algériens-Québécois

À la table de Fares Mekideche, le couscous répand ses arômes pendant que les humoristes et musiciens épatent la galerie. Le concept du Couscous comedy club est aussi simple que ça: de la bouffe et du divertissement, dans une ambiance familiale et conviviale. L’édition du 14 et 15 février, un spécial St-Valentin, est aussi consacré à la culture haïtienne et met notamment en vedette l’humoriste Réginald, Montréalais d’origine haïtienne. «Je suis très proche d’Haïti de par mes fréquentations et mes inspirations culturelles, explique Fares Mekideche. Je pense qu’un vrai Montréalais doit absolument connaître et comprendre la culture haïtienne, parce qu’elle est partout dans la ville. Je suis allé à Port-au-Prince dernièrement et ça m’a convaincu que la Ville de Montréal devrait passer une loi pour obliger tout le monde à y faire un tour au moins une fois dans sa vie. L’identité montréalaise ne peut pas nier ses affiliations avec Haïti. Au moins pour la joie de vivre légendaire. Je me sens presqu’aussi haïtien qu’Algérien et Québécois.»

Mais qui est donc ce Réginald dont on pourra voir plusieurs numéros lors de cette soirée couscous? «Il a quitté le monde de la finance pour se consacrer à l’humour», raconte Uncle Fofi, admiratif. «Il fait du stand-up à l’américaine en lui insuflant le ton du conteur africain (car il a un peu vécu en Afrique après Haïti), en y greffant beaucoup de musique. Loin d’être un puriste, il mélange le piano, le chant et les numéros d’humour, dans une vraie liberté artistique. Et il joue des personnages, notamment pour évoquer différents contextes familiaux. Il est phénoménal, il est entré à deux cent milles à l’heure dans ce milieu.»

L’accompagneront sur scène le musicien Wes Li et d’autres invités.

Le Couscous Comedy Club spécial St-Valentin/Haïti est présenté les 14 et 15 février au Cabaret du Mile-End