Spectaculairement Chine : C’est pas si chinois!
Hamlet, un joyau de la culture anglaise? Pas depuis que l’opéra de Pékin en a fait un personnage typique de son répertoire. L’événement Spectaculairement Chine nous en fait cadeau, en plus de Fault Lines, un spectacle de danse créé par des artistes chinois et néo-zélandais.
L’occasion ne se présente pas toutes les semaines. Pour deux soirs seulement, la Place des Arts invite la compagnie Shanghai Jingjiu, l’une des dix troupes nationales d’opéra de Pékin, à présenter sa Tragédie du prince Zidan, une adaptation toute chinoise d’Hamlet. Oubliez le Danemark: la pièce canonique de Shakespeare se transporte dans un royaume chinois imaginaire, déchiré par une guerre sanglante.
Mais l’opéra de Pékin, qu’est-ce? Carrément un genre théâtral, il s’appuie sur un ensemble de conventions et de codes gestuels précis pour en mettre plein la vue, à travers une forme hyper-spectaculaire qui combine théâtre, danse acrobatique, arts martiaux, chant et musique traditionnelle. Il faut le voir au moins une fois dans sa vie. Et Montréal n’est pas souvent sur le carnet de route des troupes d’opéra de Pékin. C’est l’occasion d’ouvrir les yeux pour découvrir un univers codifié, étrange mais envoûtant, dans lequel chaque petit geste et chaque trajectoire dans l’espace ont une signification précise.
Avec surtitres français et anglais, la tragédie d’Hamlet est abordée sous l’angle de la quête de justice du prince Zidan, et le personnage prend les traits traditionnels du Sheng, le héros masculin épris de sagesse. Jouer ce répertoire, pour la troupe Shanghai Jingjiu, fait partie d’une démarche de modernisation du genre, alors que le public commence à se faire plus rare. C’est aussi une mise en scène spécialement conçue pour le public occidental. Il est tout de même conseillé de faire quelques recherches avant de se rendre au spectacle, pour le savourer davantage. Avant chaque représentation, les 28 février et le 1er mars, les spectateurs pourront assister à une conférence d’introduction au genre.
Dès le 20 février, Spectaculairement Chine présente aussi la pièce Fault Lines, une collaboration entre la troupe chinoise Leshan Song et la chorégraphe néo-zélandaise Sara Brodie. Puisant son mouvement dans le souvenir d’un violent tremblement de terre ayant dévasté la région du Sichuan en 2008 et dans l’évocation du séisme de 2010 à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, traquant la mémoire du corps et s’inspirant des témoignages et des improvisations des 16 danseurs chinois qui ont tous vécu de près ou de loin l’événement, la chorégraphe invente un monde mouvant et brutalisé.
À voir également: le concert La Chine à l’honneur, mettant en vedette le violoncelliste chinois Jian Wang dans un programme dirigé par le chef d’orchestre Long Yu. L’OSM devient chinois pour deux soirs, les 26 et 27 février à la Maison symphonique.
Fault Lines, du 20 février au 1er mars; La tragédie du Prince Zidan, les 28 février et 1er mars au Théâtre Maisonneuve