Anne Plamondon : Au nom du père
Scène

Anne Plamondon : Au nom du père

Elle vient du ballet, elle a vécu de la danse dans les vieux pays puis s’est liée d’amitié avec Victor Quijada en revenant vivre ici. Mais avec Les mêmes yeux que toi, Anne Plamondon se met en danger. Pour la première fois, c’est elle le boss.

Malgré son curriculum vitae à faire pâlir d’envie une trâlée d’artistes issus de l’univers de la danse, Anne Plamondon ne s’était jamais prêtée à l’exercice du solo ni coiffée du chapeau de chorégraphe. « J’ai choisi la maladie mentale comme thème parce que c’était facile pour moi, parce que c’est un sujet que je connais. »

Et parlons-en de cette trame de fond, puisqu’elle constitue le cœur de cette pièce, d’abord présentée à l’Agora de la danse de Montréal en 2012. Avec sa première création en plus de 20 ans de carrière, la convoitée interprète s’inspire de ses souvenirs d’enfance ponctués par la schizophrénie de son père. Un sujet toujours tabou aujourd’hui qui a encore pour effet d’attiser la curiosité de la presse, assure Anne Plamondon. « Mais je ne voulais pas que ce soit une thérapie sur scène, c’était important pour moi. » Idem pour l’angle human interest qui ne sera pas exploité dans le présent article. Cette histoire d’un papa malade est de l’ordre du privé, de l’intime, même si l’artiste originaire de Québec en parle sans pudeur. L’habitude de devoir se dévoiler pour donner du jus aux journalistes, sans doute.

Et puis il faut dire que Plamondon ne s’est pas uniquement fiée aux impressions qu’elle gardait des couloirs de Robert Giffard, dans le temps. Pour approfondir son propos, la belle est allée à la rencontre de François Bertrand du programme Vincent et moi qui offre de l’accompagnement aux artistes vivant avec la maladie mentale. Elle en a rencontré quatre d’entre eux. « La lucidité avec laquelle ils étaient capables de parler de leur maladie m’a beaucoup, beaucoup impressionnée. […] Ce qui m’a inspirée, c’est pas tellement leurs symptômes mais c’est l’humain. L’humain et leur fragilité, leur vulnérabilité et leur grande sensibilité. »

Une fine ligne

On dit souvent que l’équilibre est fragile, que tous peuvent verser à un moment ou un autre dans la folie. Tous peuvent, à un moment ou un autre, se voir atteints d’anxiété, de dépression, de bipolarité…

Est-ce que le fait de fouiller là-dedans, de travailler autour des troubles psychologiques a fait peur ou donné la vertige à Anne Plamondon? « Non », assure-t-elle d’emblée. « Je l’ai vécu comme une expérience physique. Je me mettais dans un état de confusion et je laissais mon corps trouver le mouvement. »

Outre le propos, la gestuelle vaut elle aussi son pesant d’or. « D’abord et avant tout, je voulais que la danse soit bonne ». Un mantra souvent répété au moment de l’élaboration du projet qui a amené la femme de danse à se questionner sur sa propre voix chorégraphique. « C’est certain que je travaille avec Victor dans Rubberband Dance depuis douze ans maintenant. Je peux pas enlever ça de moi, c’est imprégné dans les molécules de mon corps. […] Mais je pense que j’ai été capable de personnaliser mon mouvement. »

Anne Plamondon a aussi voulu exploiter son côté théâtral. Pour se faire, elle a fait appel à Marie Brassard, actrice et dramaturge habituée de voir son nom à côté de celui de Robert Lepage. « J’avais des idées assez précises de ce que je voulais mais elle m’a aidé à les trouver à travers l’impro. Elle m’a appris à faire confiance à mon instinct. »

Avec Marie, Anne a aussi écrit un texte. Des mots qu’elle récitera en même temps que ses gestes sur des musiques du torontois Njo Kong Kie et du new yorkais Garth Stevenson composées sur mesure pour sa chorégraphie.

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6, 7 et 8 mars à 20h

Salle Multi de Méduse

 

Spectacle de financement pour Vincent et moi

Mercredi 5 mars à 20h

Salle Multi de Méduse