La petite scène : Danse pour tous
Il y a la danse et il y a aussi les préjugés qui lui collent au postérieur. La Rotonde s’est alliée au Cercle, soucieuse de faire connaître l’art du mouvement au plus grand nombre.
Seins nus, simagrées, roulades par terre: le discours revient souvent. Les idées préconçues des mononcles ont la vie dure et c’est justement ce que souhaite combattre Jean-François Duke en s’associant avec la directrice artistique du Cercle, Caroline Simonis.
Leur concept est simple et inspiré de ce que Julie-Anne Saroyan produit depuis 30 ans à Vancouver avec Dances for a Small Stage. Grosso modo, c’est huit à neuf interprètes parfois coiffés du chapeau de chorégraphe qui viennent présenter leur travail au cours d’une même soirée. La durée maximale d’une prestation est quant à elle fixée à sept minutes. «Quand c’est court comme ça, les spectateurs n’ont pas peur de se laisser aller. T’aimes pas ça? Pas de problème. Prends une p’tite bière pis attends que ça passe», expose le Néo-Brunswickois Jean François Duke avec son accent chantant, celui qu’il peine à cacher même s’il est diplômé de l’École de danse de Québec depuis plusieurs années.
Pour la première édition, Caroline et Jean-François se sont entendus sur le vaste thème de la femme. Ils ont aussi imposé une contrainte importante aux danseuses, soit celle d’interpréter un solo de leur cru. Une condition non débattue par Lydia Wagerer, Maryse Damecour et la grande Margie Gillis, qui passait justement dans le coin pour un spectacle présenté deux jours plus tard à l’Anglicane de Lévis.
Même s’il est heureux de pouvoir compter sur une superstar canadienne de la danse contemporaine pour casser la glace, Jean-François Duke n’en démord pas. La petite scène sera d’abord et avant tout une plateforme de diffusion pour les créateurs émergents du milieu de la danse qui, comme lui, peinent à se tailler une place dans un domaine déjà saturé. «À Québec, on avait besoin de ça. On sort de l’École, on veut présenter notre travail et tout ce qu’il y a, c’est la Salle Multi, le studio d’Essai ou le Grand Théâtre. Et puis, on peut se péter la gueule en présentant une pièce de 30 minutes ou d’une heure!»
Caroline Simonis, elle, va dans le même sens et en rajoute. Selon la directrice artistique du Cercle, ce réel happening quadriannuel permettra aux créateurs invités d’expérimenter des choses, de tester leur matériel et d’échanger entre eux. Pas étonnant, donc, d’apprendre que le projet mené de main de maître par elle et Duke s’inscrit à même la programmation du Lab Vivant au Cercle. «Oui, il y a une volonté de développer un public, mais on veut aussi créer un lien intimiste entre le public et les artistes.»