Noire / Annie Gagnon : La peine est morte, vive la peine!
Deux danseuses de petite taille, des meubles pigés dans le sous-sol de ses parents et un violoncelliste sur scène. Avec Noire, Annie Gagnon signe sa première pièce de longue durée.
Elle a le vent en poupe, la talentueuse Annie Gagnon, depuis sa sortie de l’École de danse de Québec en 2009. Elle a donné son corps aux autres (Mario Veillette, Harold Rhéaume), présenté ses propres trucs (Cocoon, 2._____) et offert des classes de danse pour les enfants au Cercle. Ce printemps, c’est elle qui clôt la saison 2013-2014 de La Rotonde.
«Quand tu es la dernière à présenter dans la saison, il faut parfois que tu choisisses un texte, une image et un titre pour le programme avant même d’être entrée en studio.» Une contrainte de création agréable? Oui et non. «C’est souvent comme ça quand on est chorégraphe émergent. Mais en même temps, j’ai tellement de chance d’être supportée par l’équipe de La Rotonde depuis ma sortie de l’école!»
Heureusement pour elle, Annie avait déjà présenté un premier jet à Émergences chorégraphiques en 2012 et eu droit à une recherche en studio pour L’Écrivain, une pièce qui n’avait jamais été présentée devant public, mais qui constitue en partie les bases de ce premier long jeu chorégraphique. «Dans Noire, c’est Isabelle Gagnon qui est l’écrivain. C’est elle qui est responsable de la mémoire, alors que Mélanie Therrien vit les émotions.»
Le tout sera mis en musique par les compositions électro de Diane Labrosse et le violoncelle de Raphaël Dubois (Les Violons du Roy), qui s’alterneront au cours de la représentation.
Le côté sombre de la force
La chorégraphe de Québec l’avoue sans pudeur: «Noire, c’est un sombre projet bilan. C’est la synthèse d’une partie plate de ma vie.» Mais c’est aussi, et toujours selon Gagnon, une pièce qui se termine avec de la lumière, l’espoir d’une vie meilleure. En présentant ce spectacle, la femme de danse met en terre toute sa tristesse pour mieux avancer.
On sent aussi qu’Annie Gagnon s’est fait plaisir avec Noire, à commencer par le choix de ses interprètes. «J’aime travailler avec de petites danseuses. Elles sont très physiques, souvent plus fortes et, aussi, plus compactes. Ça leur permet de se faufiler.» Et ça tombe bien puisqu’Isabelle et Mélanie auront pour mandat de passer à travers la carcasse d’un vieux divan de bois qui dormait dans le garage du frère de la chorégraphe depuis moult années. Intégrer des objets du quotidien dans le décor, c’est un autre de ses dadas.
Aidée de la scénographe Hélène Petitclerc, l’artiste a trouvé une façon de faire tomber du sable sur la scène. Une technique qu’elle avait déjà testée alors qu’elle était responsable de chorégraphier une partie du spectacle des finissantes de l’École de danse de Québec. «Je m’en sers pour rappeler la cendre. Si j’ai choisi du sable, c’est parce que le plancher de la Salle Multi est noir. Il fallait que j’en tienne compte.»
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Noire, par Annie Gagnon
Du 1er au 3 mai à 20h
Salle Multi de Méduse