Besbouss, autopsie d'un révolté : Mourir pour des idées
Scène

Besbouss, autopsie d’un révolté : Mourir pour des idées

S’appuyant sur l’immolation par le feu du jeune Tunisien Tarek Bouazizi qui a déclenché le printemps arabe, Stéphane Brûlotte explore la notion d’indignation et de révolte dans Besbouss, autopsie d’un révolté. Mais il contourne un peu le sujet.

Dans ce solo mis en scène par Dominic Champagne et interprété par l’acteur Abdelghafour Elaaziz, l’auteur et comédien Stéphane Brulotte pose une question vieille comme le monde: peut-on mourir pour des idées? Question importante, dont la pertinence ne s’est pas essoufflée et a été réaffirmée ces dernières années, dans le monde arabe mais aussi chez nous lors de la révolte étudiante. Or, à part s’étonner du geste d’immolation à partir d’un regard naïf, sans réelle perspective historique et critique, et constater l’échec de la révolution, sans le décortiquer, ce texte flirte avec son sujet et le contourne la plupart du temps.

L’intrigue s’articule pourtant autour d’un personnage chez qui ces questions ont tout le pouvoir de résonner. Elaaziz incarne le médecin légiste chargé de faire l’autopsie du jeune homme pour faire la preuve qu’il n’a pas été battu par les policiers. Maintenant au service de la dictature, ce médecin a perdu ses illusions de jeunesse et ses rêves de révolution pour se faire soldat de l’État. Devant le corps calciné, il se mettra soudain à parler, questionnant sa propre lâcheté et cherchant en lui, presqu’en vain, un dernier filet d’indignation.

La pièce pose d’abord un questionnement sur le geste – comment peut-on arriver à poser un tel geste?, demande le médecin légiste. Or, le monologue du médecin offre peu de réponses, peu de pistes de réflexion: le questionnement demeure toujours un peu primaire, simplement étonné, et prétexte à poser un regard inquiet mais peu clairvoyant sur le monde en déliquescence qui l’entoure. Il est question de droits humains, de pauvreté, de collectivité. Peu à peu, le texte fera appel aux bons sentiments, ne proposant ainsi pas de grande déchirure, peu de matière à débat et finalement peu de drame.

Scéniquement, il ne se passe pas grand-chose. Elaaziz en fait parfois trop, mais la mise en scène statique et peu inventive ne lui rend pas service.