Rébecca Deraspe / Peau d’ours et Le merveilleux voyage de Réal de Montréal : À vol d’oiseau

Au sein de la compagnie Les Biches Pensives, connue pour faire un cinglant théâtre de fin d’été (avec un humour trempé dans l’acide), Rébecca Deraspe a notamment écrit la sympathique comédie conjugale Deux ans de votre vie. Son écriture est légère mais un brin piquante, teintée d’un cynisme de bon aloi. De quoi plaire à un public avide de rigolades, mais prêt à se laisser égratigner par quelques causticités.

Peau d’ours, la pièce que lui ont commandée les comédiens du Petit Théâtre du Nord et que va mettre en scène Sébastien Gauthier (également interprète), raconte les destins emmêlés d’un quatuor d’adultes confrontés à la perspective de leur propre finitude. «C’est une pièce sur l’éclatement mental causé par la réalisation de l’imminence de sa propre disparition, dit-elle. Au quotidien, on fait consciemment le choix d’ignorer l’idée de notre mort et c’est ce qui nous permet d’avancer. Mais alors qu’ils traversent une crise, mes personnages n’auront pas le choix de se projeter dans cette finitude annoncée et de chercher à faire évoluer leurs vies vers une nouvelle direction.»

Il y a d’abord ce couple urbain venu trouver une quiétude perdue en passant quelques jours au chalet sans les enfants. Mais, surprise, à leur arrivée ils découvriront que le beau-frère a eu la même idée qu’eux et qu’il a déjà installé ses pénates. Surgira une citadine hypocondriaque évadée d’une maison de silence. Tout est en place pour un huis clos accidentel, où chacun sera confronté à des vérités qu’il avait sciemment ignorées.  

«La pièce, dit Deraspe, aborde en filigrane d’autres fins, notamment la fin des relations de couple, la fin de l’enfance, la fin d’une anxiété qui a été traînée comme un boulet pendant de trop nombreuses années. C’est une pièce sur les cycles. Chaque personnage est confronté à une fin différente.»

Réputée pour son théâtre comique mais intelligent, l’équipe du Petit Théâtre du Nord veut faire réfléchir tout en ne se prenant pas trop la tête. «En explorant les tourments de ces personnages, leurs secrets, leurs envies d’aimer, leurs quêtes d’épanouissement, j’essaie de déployer un humour subtil, de rire des relations entre les personnages et de ce qui est révélé sur eux. Il y a un mécanisme comique dans l’observation des multiples manières qu’ils prennent pour essayer de se sentir mieux avec eux-mêmes, dans leurs tentatives opiniâtrement répétées.»

À Bonaventure, où le Théâtre de la Petite Marée produit son adaptation d’un roman suédois pour enfants, on change de registre. Le merveilleux voyage de Réal de Montréal, librement inspiré du Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède (de Selma Lagerlöf), raconte l’épopée d’un garçon survolant le Québec à dos de bernache. Se posant au Lac-Saint-Jean, sur la Côte-Nord, en Gaspésie et au Lac Saint-Pierre, le gamin transformé en lutin apprivoise la géographie de son pays. «Il rencontre des animaux, explique l’auteure, qui sont en quelque sorte des métaphores de certains aspects de la culture québécoise. Le metteur en scène Jacques Laroche s’est approprié tout cela en travaillant le théâtre d’ombres et les marionnettes; ce sera un très beau spectacle.»

Peau d’ours:

Du 20 juin au 23 août au Petit Théâtre du Nord (Blainville)

Le Merveilleux voyage de Réal de Montréal

Du 18 juillet au 19 août au Théâtre de la Petite Marée (Bonaventure)