Katherine Levac / Grand Rire : Vive l'humour libre
Scène

Katherine Levac / Grand Rire : Vive l’humour libre

On la dit pince-sans-rire. L’humoriste Katherine Levac, gagnante d’En route vers mon premier gala, est surtout une conteuse qui enfile récits agricoles et autres histoires avec un je-ne-sais-quoi de décalé.

Franco-Ontarienne ayant jadis jalousé les Québécois et leur «si puissante culture», elle est débarquée à Montréal pour faire des études en littérature après une adolescence paisible sur la ferme familiale. Elle se moque d’ailleurs bruyamment de sa personnalité de première de classe. Parfois, elle fait même des blagues sur la Révolution française. Voilà qui est plutôt rafraîchissant en humour québécois.

«La littérature sera toujours dans l’arrière-plan de mon humour, dit-elle. Ne serait-ce que c’est parce que c’est pendant mes études littéraires que j’ai appris à maîtriser la narration. Je fais du stand-up, j’aime que ce soit rythmé, mais je veux avant tout raconter quelque chose. Et je pense que les gens sont prêts à bien davantage de diversité que ce que l’industrie de l’humour veut bien nous faire croire. Quand on sait s’y prendre, on peut amener le public où on veut.»

Sur scène, d’un visage impassible, sans chercher à avoir l’air exagérément pétillante, elle raconte la vie rurale et pose son regard amusé sur le monde qui l’entoure. Tout le temps, on insiste sur son identité franco-canadienne, lui rappelant l’étrangeté d’être née à Saint-Bernardin. «Au Québec, le fait que je sois Franco-Ontarienne fait toujours jaser. Pour cette raison, je ne désirais même pas aborder le sujet au début. Mais ça s’est imposé – et je pense que c’est bon d’en rire, parce qu’il y a effectivement des différences entre les Québécois et les francophones du reste du Canada et que c’est un sujet fertile.»

C’est une femme de tête, qui a quitté son village pour devenir une vedette. Ses prestations dans l’émission SNL Québec l’ont sortie de l’ombre, et le concours télévisé qu’elle vient de remporter y contribuera encore plus, elle qui sera de plus suivie par les caméras de l’émission Les 5 prochains. Trop de visibilité? Certainement pas, répond l’ambitieuse jeune femme. «On me demande souvent si je trouve que mon ascension est trop rapide. Mais pas du tout. Je suis venue habiter au Québec pour accomplir une carrière d’humoriste. Je ne suis pas du genre à vivre d’amour et d’eau fraîche. Je veux avoir du succès et de l’argent. Je veux que mes futurs enfants aient de beaux couvre-lits et qu’ils aillent à des camps d’équitation.»

Elle réussira tout ça, assure-t-elle, en ne mettant pas son intégrité en péril et en restant toujours elle-même (son autre priorité absolue). «En route, ça va me donner de la visibilité, mais j’espère que ça ne va pas changer ma façon d’écrire et la nature de mes projets. Je tiens à mon authenticité et à mon indépendance d’esprit.»

Elle rêve d’être une sorte de Louis C.K à la québécoise, du moins de faire un humour sans compromis, qui lui ressemble jusqu’au plus profond d’elle-même, sans obéir aux sirènes de l’industrie. «Je suis fan des films de Wes Anderson, ajoute-t-elle, parce que j’aime la liberté de regard que m’offrent ses films, et j’aspire à faire ça: un humour dans lequel le rire peut survenir à différents endroits, selon les spectateurs. Je veux que tout le monde soit libre dans l’échange.»

 

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Samedi 21 juin à 20h à Place d’Youville

Samedi 21 juin à 21h30 au Théâtre des Gros Becs

grandrire.com