Catnip le musical : naviguer dans le trop-plein
Scène

Catnip le musical : naviguer dans le trop-plein

Présenté tout l’été au Club Apollon, Catnip le musical s’inscrit parmi les initiatives actuelles de revitalisation du Village gai, devenu aux yeux de plusieurs commentateurs une artère commerciale dénuée de sa vie communautaire et de sa pertinence sociale d’antan. Un peu de culture dans cette antre du sauna et de la boutique sexy, ça ne peut effectivement pas faire de tort. L’été, d’ailleurs, avec la programmation culturelle d’Aire Libres, le Village se diversifie et attire les foules. C’est tant mieux. D’autant qu’il a récemment fait la manchette pour la violence de ses rues (ce qui est certainement exagéré).

La comédie musicale met en vedette Joe Bocan (nulle autre) dans le rôle d’une femme désoeuvrée et isolée, qu’une étrange et enthousiaste brigade viendra sortir de sa dépendance aux pilules et à une émission de télévision bidon (qui met en scène une infinté de chatons et un animateur à l’énergie stéroidée). À la fois référence lointaine à la célèbre comédie musicale Cats et dénonciation légère de la fascination collective pour les vidéos de chats sur Youtube, le spectacle tisse plus ou moins harmonieusement une toile de réseaux référentiels fort hétéroclite.

Tout de même divertissante et hyper-rythmée, la comédie musicale de Michel Duchesne et Stefan Boucher est toutefois déconcertante (pas nécessairement dans le bon sens du terme). Sa trame musicale puise autant dans les rythmes dance pop ringards que dans le hip hop, la house et le rock, ainsi que dans une certaine mélancolie, pour créer un galimatias absolument biscornu. Il y a un certain plaisir à recevoir ce truc improbable en pleine gueule, mais davantage un sentiment de trop-plein qui finira par lasser. Le spectacle va dans toutes les directions et n’approfondit rien, ne réussissant ni à émouvoir par son personnage principal, ni à conscientiser avec son propos social sur la dépendance et l’individualisme (traités de manière hyper-artificielle), ni à embrayer l’imaginaire avec ses personnages mi-homme mi-animaux (un anthropomorphisme dont le sens nous échappe totalement dans ce contexte).

Comme si les auteurs avaient voulu mettre toutes leurs idées dans le même chapeau sans savoir y faire de l’ordre, le spectacle est un bordel incontrôlé dont on ne retiendra pas grand-chose. Sinon que les interprètes, notamment Nicolas Pinson, Frédéric Barbusci et Elizabeth Dupéré, à partir d’une partition ingrate, font des pieds et des mains.

Jusqu’au 26 juillet 2013
Les jeudi, vendredi, samedi
Au Club Apollon, 1450 Sainte-Catherine Est, Montréal