Kyan et invités : Une soirée parfaitement Zoofest
L’essence même de l’esprit du Zoofest s’est materialisée hier lors de la soirée d’humour animée par Kyan Khojandi (le gars de Bref), et mettant en vedette les talents respectifs de Mehdi Bousaidan, Adib Alkhalidey et Jeremy Demay.
Ça s’est passé à l’agora Hydro-Québec de l’UQAM. Salle comble. Sieges additionnels placés ici et là pour combler les spectateurs enthousiastes.
Ça sonne peut-être péjoratif de dire «le gars de Bref», mais en fait c’est hyper-chargé. Ce phénomène télélvisuel a explosé sur Internet il y a quelques années, la page Facebook de la série récoltant des millions d’abonnés en un temps record, reflet de la pertinence aigüe des propos universels d’un jeune Français angoissé par la vie, affrontant la trentaine dans la panique totale mais devant garder un masque de calme et de tranquillité pendant tout le voyage angoissant.
Le gars de Bref n’est pas un humoriste. L’humour qu’il utilise, c’est un procédé stylistique pour alléger le ton des histoires touchantes et universelles qu’il raconte, c’est pour mettre un sourire à l’angoisse. Le gars de Bref n’est pas un humoriste: c’est un poète. Un raconteur d’histoires. Un charmeur de mots.
C’est l’assemblement hétéroclite qui fait de cette soirée une réussite: bien que Mehdi Bousaidan soit intelligent et fin, il en est visiblement à des débuts extrêmement prometteurs, et il est capable de garder la foule dans une hilarité continue pendant de longs moments, un talent rare et unique qu’il cultivera probablement pendant longtemps. Son sketch sur les cinq types de rappeurs qu’on retrouve dans une chanson de hip-hop moderne dévoile à la fois sa fine capacité d’analyse et son impressionnante capacité d’exécution.
Voir Adib Alkhalidey sur scène, c’est me rappeler une citation de Dane Cook, qui dit qu’il aimerait vivre sur scène, qu’il pourrait s’y réveiller et manger ses céréales tellement il y est à l’aise, à sa place. Idem pour Adib Alkhalidey, qui habite la scène avec un naturel charmant décuplé d’un talent d’observation impressionnant. De la manière dont il raconte la castration de son chat selon l’angle du félin en question, ou bien sa façon de voir les réseaux sociaux, comme un salon dans lequel on discute avec des amis qui nous montrent des articles, des photos de bébés et de nourriture (qui rappelle vivement la scène des écrans-murs de Farenheit 451), Adib Alkhalidey maintient une hilarité générale qui nous rend tous fiers de voir l’un des nôtres réussir. Et la réussite lui va à merveille.
L’humour de Jeremy Demay est plutôt classique, sinon extrêmement efficace: différences farfelues entre Français effeminés et Québécois virils, situations hommes-femmes plutôt classique où la fille fait figure de capricieuse un peu niaise, c’est du Juste pour rire plutôt que du Zoofest.
Au final, en trois temps, Le gars de Bref nous explique pourquoi il est fier de lui, et il a de quoi: il est au centre d’une soirée magnifique qui caractérise parfaitement l’aspect hétéroclite et éclaté d’un festival accompli et mûr. Ému, Kyan nous parle de son père, décédé l’an dernier, et l’anecdote d’une visite à sa tombe est parfaitement teintée d’humilité et de lucidité quant à ce monde étrange dans lequel il progresse si rapidement.
À la fin, la salle a droit à un Bref, lu par le gars de Bref en personne, qui après les ruptures, les textos, les entrevues de travail et les fêtes dans des appartements, nous raconte Montréal.
Bref. Fallait être là. Vous pouvez encore y aller.
Kyan et invités : 15-16 juillet à l’Agora Hydro-Québec de l’UQAM.
Je n’aime pas trop commenter pour des fautes, mais voilà, Kyan s’écrit sans h. Merci de corriger. À part ça, très bon résumé de la soirée