Pete Holmes / Just For Laughs/Zoofest : Animateur de pastorale
Pete Holmes voulait devenir animateur de pastorale. Il a fini humoriste. Thank God!
Pete Holmes affiche non seulement la poupine tronche de l’animateur de pastorale – c’est lui-même qui le dit dans son plus récent solo Nice Try, The Devil –, il a aussi déjà réellement entretenu l’ambition, enfant, de devenir animateur de pastorale. Viser l’immaculée salle de catéchèse pour aboutir sur la scène d’un de ces comedy clubs pourris, n’est-ce pas ce qu’on appelle rater royalement la cible? «Les deux jobs requièrent à peu près les mêmes compétences», souligne l’humoriste qui a aussi déjà comparé sa gueule à celle d’un Val Kilmer version lesbienne («I look like a lesbian Val Kilmer»). «J’aime parler devant les gens, les aider à affronter leurs peurs; ce sont des qualités aussi importantes pour un animateur de pastorale que pour un comique. À la fin du spectacle comme de la séance de catéchèse, si tout va bien, tu devrais te sentir mieux qu’au début.»
Se sentir mieux à la fin qu’au début? Est-ce vraiment l’objectif d’un bon spectacle d’humour? «Je crois fermement que oui. Un bon spectacle d’humour a un peu un effet camp de vacances. Un humoriste dit: soyons ridicules un instant, passons un bon moment ensemble, malgré ce grand désordre qu’est l’existence, malgré toutes ces questions auxquelles on tente tous de répondre: « Pourquoi sommes-nous en vie? Quel est notre rôle sur Terre? Pourquoi allons-nous mourir? » Un bon spectacle, c’est comme avoir une bonne conversation entre amis: à la fin, tu devrais te sentir moins seul, davantage en communion avec le genre humain. C’est aussi comme un bon exorcisme: à la fin, tu devrais te sentir purifié», dit-il en riant.
Un honnête homme
On aura compris que Pete Holmes appartient à cette catégorie d’humoristes qui tiennent l’authenticité en valeur suprême, élusif Saint-Graal d’une longue marche entreprise dans le cas de l’Américain au micro de son émission You Made It Weird, podcast au concept tout aussi absurde que confrontant durant lequel un invité révèle trois choses étranges à son sujet. Et durant lequel Holmes laisse lui aussi tomber les masques. «Ça a été un important laboratoire. Je voulais mesurer jusqu’à quel point je pouvais moi-même me révéler sans m’aliéner mon public. J’ai toujours depuis l’enfance été quelqu’un de très gentil et je croyais que si j’avouais quelque chose d’inavouable, les gens sortiraient dans la rue et me pourchasseraient avec des fourches. Au contraire, plus j’en disais au sujet de mon divorce, ou de la masturbation, ou des mes croyances, ou de je-ne-sais-pas-quoi, plus je me sentais connecté avec les auditeurs. Les plus gros fous rires que j’ai eus avec des invités étaient enracinés dans une totale honnêteté et j’essaie maintenant de transposer cette honnêteté sur scène.»
Évitons cependant de dépeindre Pete Holmes en philosophe à la gomme qui aime se jouer dans le bobo. Le Pete Holmes Show, son talk-show de fin de soirée qu’a tristement passé à la trappe TBS après deux (géniales) saisons, mettait souvent en lumière un grand adolescent jamais aussi heureux que dans un sketch purement ludique ou dans une de ces entrevues conceptuelles joyeusement ponctuées par son tonitruant rire d’otarie euphorique «Mon rire est tellement fort que même des enfants m’ont déjà lancé des chuuuut! Il y a des gens qui pensent que mon rire est fake. Je garantis qu’il est 100% vrai. Je me comporte avec mon rire comme avec le reste: j’ai fini de me censurer.»
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Pete Holmes and his Favourite Weirdos: du 24 au 26 juillet à 21h au Théâtre Sainte-Catherine à l’occasion du OFF Just For Laughs/Zoofest
Enregistrement public du podcast You Made It Weird le 25 juillet à 12h au Hyatt Regency;