Lewis Black: retour du maître ès frustration
Le géant colérique du stand-up revient à Montréal pour Just For Laughs avec du nouveau matériel, et il est toujours aussi frustré!
La carrière de Lewis Black est basée simplement sur sa capacité innée et infinie de se plaindre vigoureusement de tous les travers de la société. C’est son style névrosé, crieur et agressif qui lui a valu son succès, d’abord aux États-Unis, ensuite, dans le monde entier. De retour à Montréal dans le cadre du Festival Just For Laughs, il partage ses frustrations concernant son pays d’origine, des frustrations de plus en plus tangibles depuis qu’il voyage.
«Mon spectacle va surtout discuter du fait que mon pays d’origine soit incapable de faire quoique ce soit correctement ces temps-ci», explique l’humoriste de passage à Montréal. « Je vais un peu expliquer ce que j’ai vu à Tahiti, ce que j’ai appris en Europe. »
Les mots ne lui manquent pas lorsqu’on lui demande des précisions quant à ce spectacle, The Rant is Due : «Ce qui me fâche, c’est l’immobilisme du congrès américain! Le fait que le Congrès a un niveau d’approbation de 13% dans la population générale, ça fait que les gens préfèrent littéralement des colonoscopies à leur congrès, raconte-t-il. Je vais aussi discuter du réchauffement climatique, et comment il y a des gens dans nos pays qui nient encore l’existence de ce phénomène, c’est juste débile!»
Black semble assez frustré quant à certaines positions des conservateurs de sa génération. «C’est hallucinant à voir, on dirait que la classe dirigeante ne fait que regarder en arrière. Comment peuvent-ils ne pas voir les progrès que nous devons faire, que nous sommes en train de faire, concernant les droits des homosexuels, ou les droits des femmes, par exemple? Ce sont vraiment des dinosaures!»
Le personnage scénique de Lewis Black est particulier, en ce sens qu’il passe la soirée à crier, insulter, jurer et se fâcher frénétiquement de tous nos torts et travers. C’est une dose agressive qui fonctionne à merveille, mais comment ça se fait?
«Je crois que malgré les cris et les frustrations, les gens voient que le personnage est particulièrement vulnérable. Je suis un salaud exubérant, mais vous savez que je suis inoffensif, en fait que je n’ai aucun impact sur l’Univers. Le public qui vient me voir sait que je n’ai rien à leur vendre, que je ne vais pas leur demander de rejoindre mon parti.»
«Aussi, mon personnage sur scène est clairement fou, donc il est facile à accepter comme divertissement.»
En plus de parler de problématiques américaines, Lewis Black risque de faire quelques blagues à propos d’un maire torontois habitué aux scandales, en plus de parler de souveraineté. «En gros, ce que je dis, c’est qu’avec vos douanes, si j’ai besoin de deux étampes pour rentrer à Montréal, je ne viens plus», raconte-t-il à la blague.
En fait, Lewis Black est un habitué de Montréal et de Just For Laughs, et il cite des restaurants comme Le Pied de Cochon, Joe Beef et Bocata comme ses incontournables lors de ses visites. «Pour un juif, je mange vraiment trop de porc, alors je vais probablement aller au Pied de Cochon. Aussi, à Montréal, vous savez vraiment manger et boire, alors j’aime vraiment ça, parce que ça me permet de relaxer.»
Des spectacles qu’il compte voir pendant le Festival? «Pour dire la vérité, je connais la plupart des humoristes qui présentent des numéros, mais c’est clair que je veux aller voir Don Rickles! Le gars est une légende! C’est absolument inmanquable! Il a 82 ans. Si moi je continue à faire ça à 82 ans, tirez-moi une balle dans la tête, mais pour lui, en tous cas, ça marche!»
En tous cas, jusqu’ici, Lewis Black ne montre aucun signe de fatigue, et sa rage indomptable suit son cours!
Lewis Black, The Rant is Due, 23 et 24 juillet à la Place des Arts, Théâtre Maisonneuve