My dad's death / Jon Bennett, le maître du récit au Zoofest
Zoofest 2014

My dad’s death / Jon Bennett, le maître du récit au Zoofest

L’Australien Jon Bennett est désormais un habitué de Montréal. Après Pretending things are a cock et Fire in the meth lab, le monologuiste au débit ahurissant enflamme la scène du Café Cléopâtre avec My dad’s death, présenté dans le cadre du Zoofest.

C’est un conteur hors-pair, unique en son genre, qui enfile les phrases à toute allure sans pourtant nous y perdre. Jon Bennett n’est pas exactement un humoriste – loin de lui l’idée de faire du stand-up à l’américaine – mais il est indéniablement drôle. Il n’est pas conteur au sens où on l’entend généralement au Québec: ses histoires n’ont rien à voir avec le conte traditionnel baignant dans les références au passé ou portées par les symboles. Pas non plus un «conteur urbain»: ses textes sont de nature plus intimistes, puisant dans les anecdotes de famille et restant au plus proche de son vécu. C’est un monologuiste qui maîtrise puissamment les codes de la narration et qui, d’une certaine manière, fait ce qu’il est convenu d’appeler, à défaut de meilleur terme, de l’autofiction. Ou, comme disent les Anglos, c’est un spectacle de «storytelling».

Dans ce troisième spectacle solo, Bennett raconte sa relation tumultueuse avec son père en ironisant sur toutes les fois où son père est mort, c’est-à-dire chaque fois que son père l’a un peu renié. Un peu comme dans Fire in the meth lab (vu l’an dernier mais également présenté au Zoofest la semaine dernière), où il décortiquait l’explosive personnalité de son frère dealer de drogue en combinant anecdotes savoureuses et photos de famille sur présentation PowerPoint. Le concept est repris ici à l’identique mais les territoires explorés sont tout autres: exit la prison et les motards, bienvenue à la messe du dimanche en famille et dans les bois où le fils peu doué avec les armes de chasse a presque commis l’irréparable. Il y a également un peu de «mauvaise poésie australienne» dans ce spectacle inclassable.

Mais peu importe ce qu’il raconte, au fond. La plupart du temps, Bennett ne se soucie pas de la portée universelle de ses histoires et n’arrive pas parfaitement à les sublimer, cultivant un rapport très instantané et même très premier degré avec les situations qu’il se plaît à revivre en les racontant. Son humour est d’ailleurs souvent puéril, parfois même vulgaire (il est obsédé par les parties génitales). Mais on le suit sans broncher dans ses récits de famille disloquée, à cause de sa parole fiévreuse et de son époustouflante maîtrise de la narration. Il manipule la foule de son charisme et captive par sa diction précise et follement rythmée.

Spectacle en anglais.

Jusqu’au 27 juillet 2014 au Café Cléopâtre, dans le cadre du Zoofest

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