Rentrée culturelle : La rentrée théâtre et danse en 10 temps forts
Entre création québécoise et grande visite européenne, voici les 10 spectacles, artistes et festivals qu’il nous presse de découvrir cet automne!
1. Une saison signée Hanna Abd El Nour
Il dit faire un «théâtre symboliste qui s’interroge sur les valeurs humaines». Hanna Abd El Nour, metteur en scène qui ne reçoit pas encore l’attention médiatique qu’il mérite, est une infatigable tête chercheuse, un artiste qui se nourrit des plus grands textes pour créer un théâtre rigoureux, imagé et philosophique, qui flirte avec des esthétiques sophistiquées. Montréal aura droit à une puissante dose de son travail cette année, d’abord à La Chapelle, où il se risque à un nouveau registre en se frottant à la langue brute et libre de la poétesse Geneviève Desrosiers dans le spectacle interdisciplinaire Nombreux seront nos ennemis. Plus tard dans la saison 2014-2015, Hanna Abd El Nour réinvente King Lear à l’Espace Libre dans Requiem(s) King Lear Hygiène sociale Désobéissance civile Charte des raisons communes Vodka pour tous. Une autre production, dont les dates de représentation sont encore incertaines, s’attardera à l’Électre de Sophocle dans un spectacle intitulé Les Électres des Amériques Les Phares de la Mémoire.
2. Encore et toujours Fabien Cloutier
Sa langue drue et décapante ausculte la bêtise et le racisme ordinaire avec autant d’insolence que de nuances: on ne se lasse pas de Fabien Cloutier. En plus de présenter à nouveau ses solos Scotstown et Cranbourne au Théâtre Outremont (puis en tournée partout au Québec), il est le premier à fouler les planches de la salle principale de La Licorne avec son plus récent texte, Pour réussir un poulet, avec la musique de Misteur Valaire et une distribution étoilée. Pendant ce temps-là, La Chapelle présente la version anglaise de Billy, traduite par Emma Tibaldo et intitulée Billy (The Days of Howling).
3. Being at Home with Claude
Il y a déjà 30 ans que cette pièce de jeunesse de René-Daniel Dubois, hautement célébrée en raison de son romantisme fou et de sa structure policière haletante, a été créée au Théâtre de Quat’Sous. Le TNM sort l’artillerie lourde en octobre pour célébrer dûment cet important anniversaire en confiant le rôle du jeune prostitué à l’excellent Benoît McGinnis et le rôle de l’inspecteur à Marc Béland.
4. Trois décennies d’amour cerné
Directeur du Centre chorégraphique national de Tours, Thomas Lebrun ne fréquente pas beaucoup la scène montréalaise, mais y passera en coup de vent cet automne pour trois petites représentations de Trois décennies d’amour cerné à l’Agora de la danse. Une danse ciselée et texturée, exécutée dans des éclairages clairs-obscurs pour mieux explorer quelques facettes sombres de l’humanité.
5. Lumières, lumières, lumières
La résidence de création de l’auteure et comédienne Evelyne de la Chenelière à l’Espace GO va lui permettre de croiser le fer avec le brillant metteur en scène Denis Marleau pour la toute première fois. On a bien hâte de voir ce qui va résulter de cette union de grands esprits. Lumières, lumières, lumières est une adaptation du roman Vers le phare, de Virginia Woolf, que ce duo d’artistes de haut niveau pourra sans doute faire résonner avec la méticulosité qu’on leur connaît.
6. Vollmond
Quand le Tanztheater Wuppertal de feu Pina Bausch fait un tour par Montréal, il n’y a aucune bonne raison de rater l’événement. L’inventeuse de ce qu’on a appelé la «danse-théâtre», véritable légende, explorait dans cette œuvre un mouvement fluide et des chorégraphies dans de délicats bassins d’eau – l’une des plus belles récurrences de son travail.
7. Avant la retraite
La metteure en scène Catherine Vidal (acclamée pour ses mises en scène du Grand Cahier et de Des couteaux dans les poules) est de retour au Théâtre Prospero pour se mesurer à l’écriture ciselée et caustique de l’Autrichien Thomas Bernhard dans la pièce Avant la retraite. Une plongée au cœur des mystères et des profondeurs de l’existence humaine, sous forme de rituel avorté.
8. Festival Actoral
Marseille a son festival Actoral depuis plusieurs années pour célébrer les écritures contemporaines. Voici maintenant la version montréalaise, conçue en étroit partenariat avec le directeur artistique marseillais Hubert Colas, dont on pourra d’ailleurs voir le spectacle Nécessaire et urgent. Mais c’est aussi une rare occasion de voir un spectacle de la fascinante Gisèle Vienne, et d’assister à des collaborations franco-québécoises inédites, notamment entre l’auteure Sarah Berthiaume et le metteur en scène Julien Gosselin.
9. Trois
Mani Soleymanlou n’a plus besoin de présentation: le comédien boucle la boucle de sa trilogie sur l’écartèlement identitaire en présentant la trilogie Un, Deux, Trois, sous le titre Trois, au Théâtre d’Aujourd’hui, en compagnie d’une cinquantaine de comédiens qui se joignent à lui en dernière heure pour poursuivre et bonifier sa stimulante réflexion sur l’appartenance à Montréal et au Québec, dans un monde mobile où l’immigration et le pluralisme changent les perspectives identitaires.
10. Futur intérieur
Le Théâtre de la Pire Espèce se propose d’explorer cet automne un futur incertain et improbable en transformant, fidèle à son habitude, les objets et la matière pour en faire un vertigineux espace d’anticipation. On est prêts pour le voyage dans le temps.
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À retenir aussi
Déjà présenté au FTA, le troisième volet de la trilogie du Nouveau Théâtre expérimental sur l’histoire du Québec, Le pain et le vin, prend l’affiche de l’Espace libre dès le 11 octobre. C’est également dans le théâtre de la rue Fullum que sera présenté à nouveau Le NoShow, réflexion essentielle et ludique d’Alexandre Fecteau et sa bande au sujet du sous-financement du théâtre, et c’est aussi là qu’on pourra déguster l’écriture acidulée de Jean-Philippe Baril Guérard dans la pièce Tranche-cul.
À La Licorne, Frédéric Blanchette met en scène en novembre un intrigant texte de Nina Raine, intitulé Tribus et campé dans l’univers de personnages sourds et muets. C’est aussi entre les murs de La Licorne que sera créé la nouvelle pièce de l’étrange et éclectique collectif Projet Bocal, sous le titre Oh Lord.
Le Théâtre La Chapelle accueille toute l’année de jeunes artistes bruxellois prometteurs, à commencer par Sabine Molenaar (fin novembre) avec la pièce That’s it. À la Tohu, c’est le grand retour de la compagnie circassienne australienne CIRCA: toujours événementiel. Au Théâtre Denise-Pelletier, le metteur en scène français Kristian Frédric (habitué du Québec) revisite Andromaque dans Andromaque 10-43. Il y a aussi une panoplie de jeunes artistes à découvrir, notamment l’hyperactif Félix-Antoine Boutin (Orphée Karaoké à l’Usine C et Koalas au Théâtre d’Aujourd’hui) et le duo Nadia Essadiqi/Ariane Castellanos, à La Chapelle dans Le cœur animal.