Gustavia : Être femme et avoir 40 ans
La crise de la quarantaine. Sa version masculine a inspiré un classique à Tchekhov (voir la une), et les sitcoms se sont chargées de la ridiculiser en présentant les hommes comme des bêtes assoiffées de jeunes culs. Mathilde Monnier, elle, brise les stéréotypes.
Elle est née en 1959 et, quand Gustavia a été présenté pour la première fois, cette figure de proue de la danse contemporaine française en était à son dernier tour sur la piste des quadragénaires. C’est cette période de la vie, tout sauf ingrate à ses yeux, qui a servi de trame de fond pour sa pièce. «À 40 ans, on n’a plus rien à prouver comme artiste. Pas parce que notre carrière est derrière nous, mais je pense qu’on peut se donner le droit de s’éclater sur scène.»
S’éclater. Ce verbe-là reviendra souvent dans notre entretien avec Mathilde Monnier, sorte d’équivalent français de Marie Chouinard pour sa renommée nationale, son rayonnement au-delà des frontières et son univers gestuel si distinctif. Une femme qui, d’ailleurs, a été la vedette d’une bande dessinée sur le mouvement, un livre intitulé Mathilde: danser après tout, coécrit par François Olislaeger et la principale intéressée. Du jamais vu au rayon du neuvième art.
Avec Gustavia, et pour y revenir, la chorégraphe au CV bien garni s’associe à La Ribot, une artiste pluridisciplinaire hypersensible, comme elle, et franchement singulière. Ensemble, elles donnent vie à un personnage à deux têtes, un personnage multifacettes. «Comme femmes, nous sommes à la fois filles, businesswomen, artistes et mères. Avec le spectacle, on présente une version très libérée de nous-mêmes – on n’a plus tellement d’ego – et une vision plus généreuse du monde.» La femme vieillissante et ménopausée est-elle plus en paix avec son intériorité, les autres et son corps? Il semblerait que oui.
En plus de redonner espoir aux femmes effrayées par le temps, sans cesse bombardées par des modèles à la peau sans pores ni rides, le duo d’un seul spectacle vise à faire rire l’assistance en s’adressant très directement au public. «Il y a plusieurs scènes qui tiennent de l’humour clownesque, du grotesque. On joue beaucoup sur la répétition et le rythme.» Sans parler, bien sûr, des blagues qui ponctuent la chorégraphie.
Une formule presque burlesque, pour emprunter le mot utilisé par La Rotonde dans sa brochure de saison, qui traverse les frontières sans mal. «Depuis sa création en 2008, à Montpellier, on a eu une centaine de dates dans plein de pays. […] Dans presque toute l’Europe, en Turquie, à New York…» Et elles pourront épingler les villes de Québec et de Montréal sur leurs mappemondes, à raison de six dates cet automne.
Les 24 et 25 octobre à 20h, Salle Multi de Méduse (Québec); du 29 octobre au 1er novembre Agora de la danse (Montréal); le 4 novembre au Théâtre Centennial de Lennoxville (Sherbooke).