Le coeur animal : Nadia Essadiqi et l’amour interdit
Elle est connue comme chanteuse sous le nom La Bronze, mais elle est aussi comédienne et auteure, porteuse d’un univers romantique, fait d’amour, d’absolu et de métaphores rythmées. Nadia Essadiqi présente à La Chapelle son premier texte dramatique, Le coeur animal, dans une mise en scène d’Ariane Castellanos.
Depuis la première apparition de Nadia Essadiqi sur scène dans une soirée de contes en 2012 (Les laissés-pour-contes), le théâtre l’a un peu perdu de vue au profit de la scène musicale, où elle commence à faire ses marques. Mais sa plume fougueuse et imagée ne demandait qu’à retourner à la scène, dans une déclinaison plus longue, pour raconter une autre histoire d’amour passionnel et fusionnel. Elle retrouve aussi son comparse Julien Lemire, qui l’accompagnait sur scène il y a deux ans.
Racontant l’amour impossible entre un frère et une soeur, la comédienne dit vouloir « canaliser sur la puissance du sentiment amoureux, en dépit de toute considération morale sur le caractère illicite de leur amour ». « Je ne cherche pas à les juger, précise-t-elle, mais bien sûr leur amour est interdit et ça donne à leur histoire un puissant souffle tragique. Plus leur amour grandit et moins il est compris par l’entourage, moins il peut se déployer au grand jour. »
Chez Nadia Essadiqi, les mots sont gorgés d’immédiateté, portés par une inscription viscérale dans l’ici-maintenant. « Pour moi, dit-elle, l’écriture est instinctive. Je dévore plein de livres, je suis imprégnée de toutes sortes de littérature, et mes textes sont très travaillés, je veux qu’ils aient une coloration très littéraire. Mais ils sont aussi pleins d’urgence, je ne fais pas de recherche de direction precise, j’écris de la facon la plus juste la plus viscerale pour moi. Je dirais que le texte mélange les genres, formant une sorte d’hybride entre la parole lyrique et la prose urbaine. On a aussi voulu que les mots et la physicalité soient imbriqués de manière constante, qu’il y ait des allers-retours infinis entre les langages parlés et physiques. »
Dans une mise en scène à l’esthétique inspirée des années 80, qui multiplie les références à la culture pop, évoquant ici Madonna, là une image mille fois partagée sur Instagram, le texte est aussi ancré dans un réseau d’images, une toile de métaphores. « C’est vrai que j’écris par images, dit Essadiqi, mais c’est difficile de décrire précisément comment ces images me viennent. Elles sont directement issues de mon vécu émotionnel ou des choses que j’ai observées dans mon entourage. Ça me fait, par exemple, comparer la douleur de vivre à un malaxeur industriel qui broie le ventre. Ce sont des symboles issus du monde qui m’entoure, que j’observe. »
Au Théâtre La Chapelle jusqu’au 1er novembre