Jean-Denis Beaudoin / Mes enfants n'ont pas peur du noir : Il était une fois deux frères
Scène

Jean-Denis Beaudoin / Mes enfants n’ont pas peur du noir : Il était une fois deux frères

Librement inspiré des frères Grimm et de leur conte Hansel et Gretel, Mes enfants n’ont pas peur du noir se penche sur une relation conflictuelle entre deux frères qui habitent au fond des bois. Sans père et à l’écart de tout. 

Réunis à la table pour l’entrevue, il y a l’auteur Jean-Denis Beaudoin et la metteure en scène Édith Patenaude. Un duo qui ne se destinait pas à travailler ensemble d’égal à égal. La moitié féminine se souvient de leur première rencontre: «En fait, on se connaît depuis le cégep de Limoilou, où moi je faisais la mise en scène au Grand Escalier, qui est la troupe parascolaire, et où Jean-Denis est venu passer une audition pour jouer dans la première mouture de L’absence de Guerre […] La première fois que j’ai vu Jean-Denis, il m’a fait une audition avec plein de vigueur et d’enthousiasme. Dans mon cœur, c’était comme mon petit étudiant jusqu’à ce qu’il se mette à sortir avec Laurie-Ève, ma coloc.»

En trois ans, leur relation a basculé vers autre chose. La dynamique du maître et de l’élève s’est mutée en une collaboration créative nourrissante pour les deux parties. Jean-Denis est passé d’adulescent à adulte pleinement accompli, fort d’un diplôme du Conservatoire d’art dramatique de Québec acquis en 2013. Au moment où il approchait Édith avec son premier texte longuement mariné, ils partageaient pratiquement le même appartement.

Remarqué pour ses rôles dans Trick or Treat et Dans les bois, le nouvel enfant chéri du théâtre local peut compter sur une équipe étoile pour donner vie à son histoire. Lise Castonguay et Jocelyn Pelletier en font partie, entre autres, et assurent les rôles de sa mère et de son frère. Au fait, précision importante: l’auteur s’est écrit un personnage principal qui lui ressemble étrangement. «La base du texte, c’est la relation que j’ai avec mon vrai frère qui est plus jeune que moi de 16 mois. En fait, c’est sûr que nous on était beaucoup en compétition. Le contexte du conte fait qu’ils sont pris dans la forêt, qu’il n’y a aucune sortie. Tous les problèmes, ils doivent les régler.» Pris au milieu d’une vaste forêt, et isolés du reste du monde, les deux protagonistes chassent l’ennui en se confrontant l’un à l’autre. La chicane devient un passe-temps. «Ma mère a fait la correction du texte, pis quand elle a lu ça elle a fait « Heille, c’est vraiment toi pis Cam! », mais décuplé par dix, quand même.» Il n’y a, certes, pas de sorcière qui mange des enfants, mais il y a l’esprit du conte qui permet de transformer la réalité et de frôler le grotesque.

C’est Uberko qui a été mis en charge de mettre ça en musique, un compositeur électro qui est en train de développer une certaine expertise dans les trames sonores théâtrale par ses collaborations répétées avec Steve Gagnon. Un artiste très instinctif, si on se fie à la description qu’en fait Édith Patenaude: «Quand il vient en salle de répét’, par exemple, il se plogue sur ses écouteurs, on n’entend pas ce qu’il fait, mais il teste des affaires. […] Y’a vraiment un échange très organique, mais on ne peut plus utiliser ce mot-là parce qu’il a trop été utilisé.» Toujours en élaboration au moment d’écrire ces lignes, la musique promet de recouvrir la pièce d’un voile de brume, de mystère, de magie.

Du 18 novembre au 6 décembrePremier Acte