Rootlessroot / Femmes-bustes : Athènes-Québec express
C’est l’histoire d’une rencontre provoquée, d’une admiration mutuelle, du destin qu’on force un peu pour donner vie à ses fantasmes. Cet automne, deux Grecs et deux filles de Québec entretiennent une relation passionnelle à distance.
Sept heures de décalage horaire et un peu plus de 7000 kilomètres les séparent, mais ils ont quand même plongé dans la création d’un spectacle entier ensemble, une pièce créée dans les studios de La Rotonde en moins de trois semaines. Leur chorégraphie s’inspire de l’exposition Les maîtres de l’Olympe présentée au Musée de la civilisation depuis avril, celle que Jozef Frucek et sa partenaire Linda Kapetanea sont passés voir en juin dernier. La moitié mâle du couple nous a donné un rendez-vous via Skype, de sa maison au centre-ville d’Athènes: «C’est, d’une certaine manière, très ancien et très contemporain à la fois. […] Les histoires de la mythologie sont celles qui ont façonné notre psyché. Elles parlent de l’humain, elles ne peuvent vieillir.»
Mais l’idée, elle, vient du Collectif Arielle et Sonia, formé par Arielle Warnke St-Pierre (vue dans Là-bas, le lointain) et Sonia Montminy. Elles ont assisté à une formation dédiée aux danseurs professionnels offerte par Rootlessroot, la compagnie menée de front par Frucek et Kapatenae. C’était à Montréal l’an dernier. «L’initiative est venue d’Arielle qui a connu notre travail en visitant l’Europe. On a beaucoup de demandes, parce qu’on enseigne notre gestuelle [le Fighting Monkey, inspiré par les arts martiaux] partout dans le monde, mais c’était facile de lui dire oui parce qu’elle est très inspirante et que le thème nous intéressait. Mais la mythologie et la tragédie grecques restent un point de départ pour partir vers l’abstraction, mais sans faire n’importe quoi.»
Il n’y a pas de trame narrative ni de personnages définis dans Femmes-bustes. Les interprètes ne reprendront ni les traits d’Aphrodite ou d’Athéna, mais porteront toutefois d’immenses têtes surdimensionnées en référence aux statues blanches, à ces bustes millénaires qui inspirent le titre. Une référence liée au clip de la chanson Reflektor d’Arcade Fire? Peut-être bien. Chose certaine, toutefois, c’est Josué Beaucage (Who Are You) qui signe la trame sonore. «Un artiste très talentueux», pour reprendre les mots de Jozef, qui ne tarit pas d’éloges à l’égard de celui qui a composé pour Robert Lepage et prêté sa voix au Cirque du Soleil ces dernières années.
Double plateau
Deux œuvres distinctes, mais soudées par une certaine forme girl power, seront présentées dans le cadre de cette soirée orchestrée par La Rotonde. L’autre spectacle s’intitule Les femmes de la lune rouge et est basé, quant à lui, sur l’exposition Samouraï. Chefs-d’œuvre de la collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller qui était présentée au MCQ l’an dernier.
Mesdames Warnke St-Pierre et Montminy sont toujours au cœur du mouvement, mais c’est la Montréalaise Annie Gagnon (jumelle de nom de la femme de danse derrière Cocoon et Noire) qui en est l’architecte.
Les 27, 28 et 29 novembre à 20h Salle Multi de Méduse