Bilan de l’année scène à Québec : Quand Philippe gâche le fun
Après 11 mois relativement tranquilles, le milieu tremble devant l’austérité et les menaces du gouvernement en place. Retour sur une année qui risque fort bien de se terminer en queue de poisson.
Robert Lepage, enfant chéri incontesté des subventionneurs en temps normal, s’est vu couper l’herbe sous le pied plusieurs fois en 2014. D’abord avec Labeaume qui n’a pas renouvelé son Moulin à images sur les silos de la Bunge, ensuite parce qu’il n’a pas été réinvité par le Festival d’Opéra de Québec après deux mégaproductions qui ont fait courir les foules. Un an après le hit théâtral Les aiguilles et l’opium, l’artiste à l’aura plus grand que nature s’est fait extrêmement discret.
Mais c’est vraiment la trahison du gouvernement libéral qui lui a coupé ses ailes, en remettant en question une promesse de 30 millions de dollars, un montant d’argent qui avait été promis par l’administration Charest en 2012 et qui représente presque la moitié des sous nécessaires à la construction du Théâtre Le Diamant à Place d’Youville, dans l’ancien YMCA de Québec. Une salle qui, soit dit en passant, permettrait d’attirer des spectacles à la fine pointe de la technologie, et un atout majeur pour Marie Gignac qui tente, parfois en vain, d’attirer des productions à grand déploiement à son Carrefour international de théâtre.
Au moment d’écrire ces lignes, le provincial menace de retirer ses billes du sac, parce que les investisseurs privés se font timides. Ce qui, bien sûr, risque de faire avorter le projet dans cette ville qui dépense sans compter pour un nouvel amphithéâtre sans la promesse d’une équipe de la NHL. Tout un paradoxe!
Outre ce dossier qui sème l’indignation chez une majorité de créateurs locaux, l’année qui s’achève s’est déroulée sous le signe de la stabilité. Anne-Marie Olivier s’est enracinée au Trident après sa nomination de décembre 2012. Messieurs Jacques Leblanc, Marc Gourdeau et Frédéric Dubois sont, quant à eux, toujours à la tête de leurs théâtres respectifs: La Bordée, Premier Acte et le Périscope. Même le mouvement underground, instauré au début de 2013 par Édith Patenaude, Jocelyn Pelletier et Steve Gagnon, s’est poursuivi avec une nouvelle série d’OFF Classiques au sous-sol du Cercle.
Les rares nouveautés de 2014? Fabien Cloutier qui s’est risqué à roder du matériel humoristique au Cercle comme à l’Anglicane et, bien sûr, le partenariat entre La Rotonde et le fameux centre de diffusion du 228, rue Saint-Joseph Est pour la présentation de matériel chorégraphique en formule cabaret. Ce nouveau concept baptisé La petite scène reviendra à l’approche du printemps.
L’autre coup de gueule
Outre le prévisible «chockage» en règle de l’administration Couillard, il y a aussi eu la télésérie Complexe G qui a blessé les acteurs d’ici qui ont déjà du mal à boucler les fins de mois. Bien que tournée à Québec, la comédie de situation diffusée sur les ondes de TVA et produite par la boîte locale Québécomm n’a pas cru bon de confier ne serait-ce qu’un seul des premiers rôles à un des nombreux (et talentueux!) comédiens du 418. Une amère déception pour ces derniers qui ont dû se contenter de contrats comme figurants ou de rôles de second plan à trois répliques.
À surveiller en 2015
On retient le nom de Jean-Denis Beaudoin, comédien et auteur fraîchement diplômé du Conservatoire, qui a trouvé le temps de jouer dans trois pièces après sa collation des grades: Trick or Treat, Dans le bois et Mes enfants n’ont pas peur du noir.
On garde aussi un œil sur Maxime Robin et Noémie O’Farrell de la compagnie la Vierge Folle qui ont produit, écrit en partie et joué dans Photosensibles et Les contes à passer le temps cet automne. On a pu voir mademoiselle, très courue, dans Viande à chien, Electronic City, Les liaisons dangereuses et dans la salle de répét’ du Trident pour un nouveau Christian Lapointe qui sera présenté en janvier. Monsieur, quant à lui, mettra en scène La chatte sur un toit brûlant à La Bordée en avril prochain.