Les Laissés Pour Contes 2015 : Sortir de la marge
Scène

Les Laissés Pour Contes 2015 : Sortir de la marge

Pour une troisième année consécutive, Pierre Chamberland convie de jeunes auteurs, la plupart du temps des nouveaux visages qui ont échappé au radar des institutions, à faire naître des contes urbains mettant en scène des personnages marginaux. Les laissés Pour Contes s’installent pour 5 représentations à l’Usine C.

Suivant les traces des contes urbains de La Licorne (une forme portée depuis 20 ans par l’auteur Yvan Bienvenue), les auteurs réunis par Pierre Chamberland écrivent des histoires dans une langue directe et font parler des personnages qui ont rarement le droit de parole. Les laissés pour compte, ce sont eux, bien sûr: des marginaux et autres désoeuvrés, personnages discrets, parfois carrément invisibles, qui portent pourtant en eux des récits singuliers. Mais ce sont aussi les auteurs: des plumes cachées, sur lesquelles la lumière n’a pas encore été faite, et que ce spectacle sans prétention veut prestement sortir de l’ombre.

«Il y a beaucoup de talent à Montréal, rappelle Pierre Chamberland, et le milieu théâtral ne peut pas laisser de place à tout  le monde. À talent égal, j’essaie donc de favoriser des gens qui sont méconnus, qui ne sont pas soutenus par le milieu et qui ont le potentiel de surprendre, d’offrir du neuf. C’est la chose la plus importante pour moi, que les plumes se renouvèlent constamment : je ne veux pas que les Laissés Pour Contes devienne le trip d’une seule gang.»

Crédit: Patrice Tremblay
Crédit: Patrice Tremblay

On découvrira ainsi cette année le conte de Pierre-Marc Drouin ou le récit de Patrice Bonneau, mettant en scène un homme écorché venu raconter un épisode trouble de son adolescence. Michael Richard et Amélie Prévost offrent aussi leurs textes, aux côtés des contes écrits par deux habitués des Laissés Pour Contes, Véronique Pascal et Pierre Chamberland lui-même.

«Ils ont tous en commun, s’étonne Chamberland, de maîtriser une forme d’écriture à la fois captivante et trouée, qui laisse place à l’imagination du spectateur. Il y a beaucoup de finesse dans leurs plumes, ce sont des textes construits par petites touches, en laissant des possibilités d’interprétation diverses, un territoire de stimulation. Ils ont aussi tous en commun, et c’est une surprise, une capacité de nous emmener dans une zone de malaise  et d’ambiguïtés, causant souvent des rires jaunes, causés par des univers un peu sordides.»

Réunis sous le thème de la peur, les textes de cette année explorent les frousses intimes de personnages se livrant à de puissantes introspections. «Ce n’est pas un spectacle sur les peurs collectives, sur la paranoïa autour du terrorisme, par exemple. La plupart des auteurs sont dans le territoire de l’intime; ils explorent des peurs qui écorchent la psyché et jouent sur nos comportements de manière insidieuse. Mais bien sûr, comme il s’agit la plupart du temps de personnages urbains dont l’environnement est bien campé, il y a des échos sociaux, une inscription dans l’ici-maintenant.»

À l’Usine jusqu’au 25 janvier