Novecento: pianiste / Premier Acte : La pièce inspirée de Glenn Gould
Scène

Novecento: pianiste / Premier Acte : La pièce inspirée de Glenn Gould

Geneviève Dionne reprend le monologue d’Alessandro Baricco, celui de 1994 qui a fait l’objet d’un film italien et d’une adaptation théâtrale québécoise plutôt marquante début du millénaire. Rencontre avec une metteure en scène qui a voulu ajouter sa touche à un classique contemporain.

C’est un auteur, mais c’est aussi un texte que Geneviève Dionne a découvert sur le tard. En 2010, un ami passe à la librairie et lui achète un exemplaire qui restera longtemps sur sa table de chevet, mais le coup de cœur sera immédiat dès qu’elle ouvrira le livre. «Y a quelque chose d’un peu mystico-légendaire. L’auteur nous met plein de pistes et on comprend juste à la fin. […] De Novecento, ce que j’ai retenu à part ça, mettons, c’est l’humanité. C’est comment ces deux gars-là peuvent être aussi proches, comment la vie de l’un comme de l’autre devient plate et vraiment plus vide à partir du moment où les deux ne sont plus ensemble.»

Diplômée du très sous-estimé baccalauréat en théâtre de l’Université Laval, Geneviève Dionne a fait ses dents chez Les Treize en plus de tourner en France, notamment avec sa création Histoire de lunes. En entrevue, elle n’a pas l’approche habituelle, pas de cassette, pas de lignes apprises par cœur répétées aux journalistes. Elle fait aussi preuve d’une honnêteté presque désarmante et résolument rafraîchissante. Sans gêne, elle avoue qu’elle n’a pas vu le film de Giuseppe Tornatore (pour éviter d’être influencée!) ni la pièce mise en scène par le cinéaste François Girard (Le violon rouge, Soie) avec Pierre Lebeau pour unique acteur en 2002 au Palais Montcalm. 

De toute façon, elle n’a pas monté Novecento: pianiste en monologue. Dans sa version, deux comédiens (Martin Lebrun, Simon Dépot) et deux acrobates (Jacinthe Gilbert, Karine Chiasson) se côtoient sur scène. Tim, le meilleur ami qui parle tout seul dans la version d’origine, donne la réplique à Novecento lui-même. Les deux hommes sont accompagnés par des danseuses aériennes qui amènent un élément surréaliste propre au texte. Une chorégraphie circassienne créée par Chiasson et rendue possible grâce à des harnais d’élagueurs-grimpeurs.

 

Quand un Torontois inspire un gars de Turin

Selon la traductrice Françoise Brun, qui signe aussi la préface du livre aux éditions Mille et une nuits, tout porte à croire que le pianiste, animateur de radio et penseur canadien Glenn Gould aurait donné pas mal de jus à l’auteur Alessandro Baricco. Comme lui, le personnage de Novecento souffre de ce qui semble être un syndrome d’Asperger qui n’a toutefois jamais été diagnostiqué. Mais Geneviève Dionne ne mise pas trop là-dessus, de son propre aveu. C’est davantage l’histoire (épique!) d’amitié entre les deux hommes qui est projetée à l’avant-plan.

Les similitudes avec Glenn Gould ne se limitent toutefois pas à sa condition médicale. Selon la traductrice, l’isolement du personnage principal sur un bateau de croisière pourrait se référer à la fin de carrière de concertiste de la regrettée figure de proue de la CBC.  On la cite : «Comme Novecento qui choisit le lieu de son enferment, le bateau, Gould choisit le sien: les studios d’enregistrement, espace confiné, délimité, organisé, mais ouvert sur le monde entier et sur le futur, comme Novecento, dans sa prison flottante, s’ouvre au monde pour recevoir toutes les histoires que les passagers emportent avec eux.»

Bien que la pièce ait tourné dans l’Hexagone en passant par le Théâtre Denise-Pelletier de Montréal, la petite salle de Premier Acte lui confère une valeur ajoutée. Un lieu reclus, sombre et semblable à une cale de bateau, qui plaît particulièrement à la metteure en scène. 

 
Du 24 mars au 4 avril
Premier Acte