Macbeth / Marie-Josée Bastien : Toujours plus de bruit et de fureur
Les superstitieux l’appellent «la pièce écossaise». Pour Marie-Josée Bastien, qui en signe la mise en scène au Trident, c’est Macbeth, tout simplement.
« Je ne dors pas beaucoup, je fais des cauchemars! » lance en riant la metteure en scène. « C’est palpitant de monter une pièce comme ça, mais les nuits ne sont pas calmes. C’est une méchante belle histoire, mais terrible à la fois. » Et pour cause : qualifiée de « tragédie la plus puissante » de tout le répertoire de Shakespeare, avec ses meurtres, batailles et hallucinations, Macbeth n’a rien de reposant. Pourtant, pour l’équipe du Trident, c’est un cadeau à jouer et à monter… même lorsqu’à « 9 h 2 du matin, alors que tu viens de finir ta gorgée de café, tu dois répéter un meurtre! »
La pièce, qui s’articule autour de la soif de pouvoir de Macbeth, a pour Marie-Josée Bastien toute une portée épique. « Il n’y a pas de demi-mesure : c’est une pièce de passion, un jeu d’échecs grandeur nature avec des soldats de chair. J’ai déjà monté Hamlet, et je peux faire le parallèle : Hamlet, c’est la raison, alors que Macbeth, c’est viscéral, c’est de l’émotion pure. Le personnage principal avance par pulsions animales, comme tous les personnages : conquérir, se cacher, se battre, survivre. »
Mettre en scène un tel classique, vieux de plus de 400 ans, pourrait en intimider plus d’un. Pas Marie-Josée Bastien. « Il ne faut pas le voir sous cet angle-là, sinon j’ai l’impression qu’on n’y arrive pas! Ce n’est pas la célébrité du texte que je monte, c’est le texte lui-même, l’histoire qui y est contée, c’est ça que j’ai envie de raconter. » Pour faire naître le cauchemar sur les planches, la metteure en scène s’est inspirée de ce qui la terrifie. « C’est la plus grosse mise en scène que j’ai faite de ma vie : comment présenter les hallucinations, la magie sur scène? Je suis partie de mes propres peurs, parce que le but, c’est de faire naître un sentiment d’angoisse chez le spectateur. » Et comme dans la tirade célèbre, c’est dans le bruit et la fureur que l’oppression naît dans la salle, au son des armes qui s’entrechoquent pendant les combats.
On parle de vacarme, de combats, de meurtres… mais il y a aussi toute une profondeur psychologique à cette pièce qui n’est pas que de la violence pure. « Macbeth, c’est la vision la plus mûre du mal chez Shakespeare. C’est une pièce sur l’ambition insatiable. Le gars, il se met la main dans le tordeur et ça ne s’arrête plus! C’est son ambition démesurée qui le guide. » Et c’est à Jean-Sébastien Ouellette que revient la tâche d’incarner ce mal, alors qu’Érika Gagnon lui donne la réplique dans le rôle dont on dit qu’il est l’un des plus difficiles du répertoire théâtral, celui de Lady Macbeth. La metteure en scène tient là son duo criminel : « Lady Macbeth agit comme une force motrice au début. Tu sais, la tragédie s’appelle Macbeth, mais ç’aurait pu s’appeler Les Macbeth. C’est palpitant comme un thriller; en fait, Shakespeare a une écriture très cinématographique. Quand je le lis, j’ai l’impression de voir du cinéma! »
Du 21 avril au 16 mai
Théâtre du Trident